Dans les cigarettes, le menthol n’est pas juste un arôme. Il a un effet spécifique sur les récepteurs responsables de l’irritation causée par la cigarette, selon une étude du Centre médical de l’université de Georgetown (Washington DC, Etats-Unis). Impossible toutefois de déterminer si cela influence la dépendance à la nicotine, précisent les auteurs dans Molecular Pharmacology.
Quand on fume une cigarette, la nicotine passe dans les voies respiratoires et les poumons. A ce moment s’activent les récepteurs à la nicotine (α3β4), ce qui se traduit par une irritation. « Le menthol, additif largement utilisé dans les cigarettes, est un analgésique potentiel et/ou un contre-irritant des nerfs sensoriels », affirment les auteurs de l’étude. En effet, il désensibilise les récepteurs à la nicotine, exprimés dans le système nerveux périphérique.
« En plus de désensibiliser les récepteurs dans les poumons et les voies respiratoires, le menthol semble ralentir, ou empêcher, la récupération de la sensibilité après une première atteinte, qui met probablement les récepteurs dans un état d’insensibilité », observe le Dr Gerard Ahern, principal auteur de l’étude.
Interdites depuis un an
Cette baisse de sensibilité présente de réels risques pour la santé des fumeurs. Comme ils sont moins irrités, ils inhalent la fumée plus en profondeur. Les produits toxiques pénètrent donc encore plus les tissus pulmonaires. Cette action expliquerait pourquoi les cigarettes mentholées peuvent être associées à un plus grand risque de cancers que les modèles « traditionnels. » Mais ce n’est pas le seul danger de ces produits du tabac. Ils favoriseraient aussi l’hypertension artérielle et la rigidité des carotides.
Aux Etats-Unis, l’Agence de sécurité des aliments et des médicaments (FDA) a conclu que « les cigarettes mentholées présentent un risque de santé publique plus grand que les cigarettes non mentholées. » Une affirmation qui s’appuient sur l’attrait qu’exercent ces produits auprès des jeunes fumeurs. C’est justement ce qui a motivé l’Union européenne à émettre, en mai 2014, une directive interdisant les cigarettes mentholées.
Mais le plus inquiétant, c’est que le menthol agit aussi sur les récepteurs à la nicotine dans le cerveau. Leur mécanisme d'action précis n'est pour l'heure pas encore connu, mais il est probable que cet additif contribue à l’addiction.