Au cours de la grossesse, plusieurs infections sont obligatoirement dépistées afin de prévenir la transmission entre la mère et l’enfant. C’est le cas de la toxoplasmose, l’hépatite B et la syphilis. Les médecins sont également tenus de proposer le dépistage du VIH aux femmes enceintes. Or, selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’Institut de veille sanitaire (InVS) publié ce mardi, ces dépistages obligatoires sont insuffisamment pratiqués tandis qu’un test non recommandé est réalisé. En cause : le manque d’adhésion des professionnels de santé au dépistage.
Cette étude, réalisée auprès de plus de 18 000 femmes, souligne que cette absence de dépistages prénataux concerne surtout l’hépatite B et la syphilis. En effet, malgré un taux de dépistage de plus de 90 % pour ces deux maladies infectieuses, le dépistage s’avère insuffisant. Environ 3 % des femmes n’étaient ainsi pas dépistées pour la syphilis au 1er trimestre de grossesse.
Un suivi insuffisant de la grossesse
« L’absence de dépistage était plus fréquente lorsque les femmes avaient été suivies essentiellement par un professionnel de santé autre qu’une sage femme (gynécologues ou médecins généralistes, ndlr) et lorsque le nombre de visites prénatales avait été faible, suggérant un suivi insuffisant de la grossesse », indique les auteurs du BEH. Il est également recommandé de réaliser un nouveau test au 3ème trimestre afin de s’assurer qu’aucune contamination récente n’a eu lieu.
Concernant l’hépatite B, 2,3 % des femmes n’étaient pas dépistées. Pour une grande majorité d’entre elles, la raison invoquée est la vaccination. « Il convient cependant de rappeler que la vaccination anti-VHB ne dispense pas de l’obligation de dépistage prénatale », soulignent les experts.
En outre, les résultats suggèrent que le dépistage de l’infection au VIH n’est pas systématiquement proposé. Près de 11 % des femmes interrogées déclarent ne pas avoir été dépistées. Un défaut d’information essentiellement associé au suivi par un médecin généraliste. Or, « l’absence de dépistage constitue une véritable perte de chance, car la contamination materno-fœtale est proche de 20 % sans prise en charge adaptée (contre 1 % en cas de prise en charge globale, ndlr), d’où l’importance de proposer systématiquement ce dépistage même chez les mères estimées moins exposées au VIH », rappelle l’InVS.
Sensibiliser les médecins
Paradoxalement, le dépistage non recommandé du cytomégalovirus (CMV) est pratiqué sur plus d’un quart des femmes. Les prescripteurs de ce test étaient majoritairement des obstétriciens.
Pour les auteurs, cette étude souligne la nécessité de continuer à sensibiliser les professionnels de santé aux dépistages prénataux, en particulier ceux qui sont obligatoires ou vivement recommandés.
Le bilan de 40 ans de dépistage à la naissance
Le bulletin épidémiologique de ce mardi 12 mai 2015 est également consacré au bilan des dépistages néonataux. Mise en place depuis plus de 40 ans, ces dépistages réalisés à la naissance permet de traiter efficacement le plus tôt possible un enfant. Cette prise en charge permet de « prévenir ou diminuer l’intensité de l’affection dont il est atteint », indiquent les auteurs.
A partir de quelques gouttes de sang prélevées au 4ème jour de vie, cinq maladies peuvent être dépistées : la phénylcétonurie, l’hypothyroïdie congénitale, l’hyperplasie congénitales des surrénales, les syndromes drépanocytaires majeurs et la mucoviscidose.
Dépister d'autres maladies
D’après les auteurs, « le modèle paraît particulièrement sérieux et organisé ». Depuis 1972, 33 millions de nouveau-nés ont pu être dépistés et près de 20 000 diagnostiqués. Près de 100 % des enfants ont droit à ce dépistage obligatoire et autant ont droit à une prise en charge adaptée.
Ils soulignent toutefois l’importance de développer et d’introduire de nouveaux tests afin de prévenir d’autres maladies, notamment la technique permettant de dépister une trentaine de maladies. Un point crucial pour rattraper le retard de la France par rapport aux autres pays européens.