Quatre mille personnes vont participer à la recherche française dès la mi-mai. En partenariat avec l’Institut de sondage BVA, l’Institut National du Cancer (INCa) entame le Baromètre Cancer 2015. Cette enquête va durer cinq mois. Elle aidera à mieux définir l’image qu’ont les Français de la première cause de mortalité dans le pays, avec 150 000 décès environ.
Le Baromètre Cancer a été lancé en 2005 à l’occasion du premier Plan cancer. Depuis, il se reproduit tous les cinq ans, correspondant à l’exigence du Plan cancer 2014-2019 qui veut augmenter le nombre d’études sur « les connaissances, les attitudes, le comportement et la perception des cancers et des facteurs de risque. » La vague 2015 devrait inclure 4 000 personnes âgées de 15 à 85 ans, contactés par téléphone.Les réponses seront ensuite analysées pour livrer un Baromètre complet d’ici 2016-2017.
Les entretiens, d’une durée de 40 minutes, ont plusieurs objectifs. « L'objectif du Baromètre Cancer, c'est d'avoir une idée sur l'opinion et les perceptions de la population française. Il permet de savoir s'il existe un décalage entre nos campagnes et la population et d'ajuster notre communication pour aller dans le sens qui marche, explique Hermann Nabi, responsable du département Recherche en sciences humaines et sociales, épidémiologie et santé publique à l'INCa. C'est une façon indirecte d'évaluer l'impact des Plans cancer sur la population, d'avoir le retour des Français. »
Améliorer l’application du Plan cancer
Comme le Baromètre 2010, les interrogations porteront sur la vision du cancer, mais aussi la perception des risques. A l’époque, 98 % ont cité le tabac et l’exposition sans protection au soleil comme facteurs de risque de la maladie. Ce deuxième volet a aussi vu progresser le nombre de Français jugeant que les aliments traités avec des produits chimiques favorisaient l’apparition d’une tumeur (93 %). « On s'est rendu compte qu'il y a un certain déni des facteurs de risque, observe Hermann Nabi. Par exemple, la population pense souvent que la pollution atmosphérique est plus dangereuse que le fait de fumer, alors que c'est un contributeur majeur. On a pu apprécier le décalage entre ce que dit la littérature scientifique et ce que pensent les sondés. »
Au-delà de l’information nécessaire, le Baromètre Cancer permet d'observer « l'évolution des connaissances des Français depuis dix ans, souligne Hermann Nabi. On ajuste aussi les problématiques. Il y a 10 ans, il n'y avait pas de question sur la cigarette électronique. Aujourd'hui, un module entier lui est consacré. On saura ce que les Français en pensent. » Conséquence directe des résultats de ce baromètre : un changement profond de la manière de communiquer sur le cancer. De nouvelles campagnes devraient bientôt faire leur apparition. Elles aborderont d'une manière plus claire les facteurs de risque liés au cancer.