Un enfant sur 440 est susceptible de développer un cancer avant l’âge de 15 ans et un adolescent sur 1 000 entre 15 et 18 ans. « Comme pour beaucoup de pathologies qui touchent les enfants, les cancers sont un ensemble de maladies rares », commente Natalie Hoog Labouret, responsable de la Mission médicaments de l’Institut national du cancer (INCa).
Il existe, en effet, plus de soixante types de cancers pédiatriques, qui n’ont pas du tout la même répartition que les cancers des adultes. Chez les enfants de moins de 15 ans, les leucémies sont prépondérantes (29 %), suivies des tumeurs du système nerveux central (24 %) et des lymphomes (11 %) qui affectent, dans les ganglions, les cellules du système immunitaire.
À l’adolescence, entre 15 et 18 ans, les lymphomes prédominent (29 %), devant les leucémies aiguës (12 %), les cancers de la thyroïde (9 %), les tumeurs germinales gonadiques, qui se développent dans les ovaires ou les testicules (9 %), les tumeurs du système nerveux central (8 %), puis les tumeurs osseuses (8 %).
Des cancers du développement
Les enfants ont une particularité : leur organisme est en pleine construction et en pleine croissance et, de ce fait, présente beaucoup de cellules en cours de différenciation. C’est au cours de ce processus que les cellules souches se spécialisent en un type cellulaire particulier et participent à la formation des différents tissus. Lorsqu’elle est affectée dans son bon déroulement, cette étape cruciale peut faire le lit du cancer.
C’est ce qui se passe, par exemple, dans le cas des leucémies aigües lymphoblastiques : dans la moelle osseuse, les cellules souches lymphoïdes ne parviennent pas à se transformer en un type de globules blancs particuliers, le lymphocytes, et restent immatures. Ces cellules anormales, qui finissent par surpasser en nombre leurs homologues fonctionnelles, les empêchent de remplir leur rôle : produire des anticorps et combattre les infections.
Du fait de cette particularité, les spécialistes qualifient ces pathologies de « cancers du développement », alors que, chez les adultes, on parle plutôt de « cancers du vieillissement ». Chez eux, c’est le processus de division cellulaire qui est atteint : les cellules se mettent à se multiplier plus que ne le nécessite le renouvellement cellulaire classique et envahissent le tissu, empêchant son fonctionnement normal.
Des maladies qu’on sait mieux guérir
La survie globale des enfants et adolescents atteints du cancer a progressé au cours des dernières décennies. « Dans les années 1970, le taux de survie à cinq ans n’était que de 30 % », rappelle Natalie Hoog Labouret. Tout dépend du type de cancer, mais en moyenne, en France, sur la période 2000-2008, la survie des enfants atteints de cancer est estimée à 92 % à 1 an après le diagnostic et à 82 % à 5 ans. Chez les adolescents, elle est estimée à 94,5 % à un an et à 81,8 % à cinq ans. En France, le cancer a causé le décès de 287 enfants en 2010 et de 117 adolescents en 2009.
Alice Bomboy
Dossier réalisé en partenariat
avec Science & Santé,
le magazine de l'Inserm