On a tous déjà lu une bande-dessinée de Tintin, le fameux reporter-voyageur à la houppette rousse accopagné de son fidèle acolyte Milou. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu'au fil des 23 albums, le personnage créé par le belge Hergé aura accompli de grandes choses. En vrac, il réussit à mettre fin aux activités criminelles d’Al Capone, à désamorcer un conflit armé en Amérique centrale avant bien sûr d’être le premier homme à marcher sur la Lune. Or, ces exploits n'ont pas été sans conséquences pour la santé de Tintin.
Un protocole de recherche méticuleux
Une très sérieuse équipe de scientifiques s’est penchée sur les pépins rencontrés par le héros à travers ses aventures et leurs possibles conséquences sur sa santé. Au total, dans la vingtaine d’albums réalisés entre 1930 et 1976, Tintin aura connu pas moins de 244 problèmes de santé majeurs ou mineurs. Le reporter est-il indéstructible ?
« Pas grand mais résistant », c’est ce qui ressort de l’étude menée par quatre français, un américain et un britannique, et dont les résultats sont publiés dans La Presse Médicale.
Pour repérer et analyser les problèmes rencontrés par Tintin, deux des six médecins ont relu entièrement ses aventures avec une grille de lecture adaptée à leur spécialité (traumatologie, maladies infectieuses…).
« Le but était de savoir si Tintin avait des problèmes de santé liés aux voyages. On a été assez déçus de ce point de vue-là car il n’a aucun problème de maladies infectieuses, ces soucis relèvent plutôt de la traumatologie », affirme Éric Caumes, un des auteurs. Le médecin ajoute que Tintin aurait dû « normalement avoir au moins une diarrhée du voyageur » , étant donné le nombre important de pays visités (de l’Amérique au Moyen-Orient en passant par la Syldavie et la Bordurie, des états fictifs).
62% de traumatismes crâniens
Les auteurs ont ainsi dénombré pas moins de 244 problèmes de santé pour Tintin, dont 191 sont des accidents (chutes, collisions de voitures…). Si ces derniers peuvent être divisés en plusieurs sous-groupes bien distinct, les traumatismes crâniens l’emportent haut la main : ils concernent 62% des blessures dont notre héros a souffert. En effet, le crâne de Tintin est souvent mis à mal lors de ses voyages, que ce soit à cause de ses chutes ou des coups (de matraque, surtout) qu’il reçoit au fil des histoires.
Les autres accidents sont variés. S'il est confronté à des problèmes d'insomnie et d’anxiété, les intoxications au gaz et ou au chloroforme (13% des accidents) restent un des moyens favoris des ennemis de Tintin pour le mettre hors d’état de « nuire ».
Au final, Tintin a été victime de 55 tentatives d’homicides au cours de ses nombreux voyages pour 13 tentatives d’enlèvement. Et malgré tout, il n’aura été hospitalisé que six fois pour deux opérations chirurgicales. Des chiffres incroyablement bas quand on mène une telle existence !
Des risques à long terme
En fin de compte, c’est tout le corps de notre héros qui est martyrisé dans les bandes-dessinées d’Hergé. Le dos et les côtes sont souvent touchés lors de bagarres mais il faut dire que le cou, les épaules et les pieds ne sont pas non plus épargnés.
Mais quelles auraient été les conséquences de toutes ces mésaventures sur un organisme normal? Si Tintin ne souffre pas des maux habituels du voyage (diarrhées, nausées...), il aurait en revanche dû ressentir des effets secondaires de tous les coups reçus. « L’addition de traumatismes crâniens accompagnés de pertes de connaissance sont inquiétants pour l’avenir de Tintin » confirme le docteur, « ils peuvent évoluer vers des pathologies neurologiques dégénératives.»
Les aventures de Tintin, une mine d'or pour les chercheurs
Si pour l’instant, les chercheurs ne comptent pas élargir leurs recherches aux autres personnages d'Hergé, ils assurent que « ceux-ci seraient pourtant très intéressants à étudier de près ». Selon France Leturcq, un autre membre de l’équipe, « c’est très intriguant, la représentation de la maladie est très présente chez Hergé ».
Si Tintin est un cas à part au vu de sa résistance, son ami de toujours, le Capitaine Haddock est lui confronté à de nombreux problèmes d’alcoolisme et de douleurs (rhumatismales entre autres).
Quand on regarde l’entourage proche du héros, on voit également que le professeur Tournesol est sourd comme un pot alors que les Dupond et Dupont sont un peu simplets…
Ce n’est pas la première fois que des êtres fictifs sont étudiés très sérieusement par des scientifiques. En 2013, trois scientifiques britanniques avaient étudié la consommation d’alcool de James Bond à travers les romans d’Ian Fleming.
Grand amateur de vodka-martini, le plus célèbre des agents secrets serait en fait un alcoolique patenté. Alors que la recommandation ministérielle conseille de ne pas dépasser les 21 unités d’alcool par semaine, 007 culmine à 92 unités !