La France compterait 4 millions d'asthmatiques selon l’association Asthme & Allergies. Pour 70-80 % des adultes et pour 95 % des enfants, la cause est une allergie. Celle aux acariens est une des origines possibles de l’asthme. La désensibilisation (ou immunothérapie) commence à faire ses preuves contre ce type d'allergie. Mais des chercheurs de Nantes (Loire-Atlantique) veulent aller encore plus loin : ils développent un vaccin contre cette forme d'allergie !
Un vaccin préventif
Dans des travaux récemment publiés dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology des scientifiques de l’Institut du thorax au CHU de Nantes expliquent avoir administré à des souris rendues asthmatiques (et allergiques aux acariens), un peptide spécifique, petite partie d’un antigène d’acarien. Ce vaccin est « à visée préventive », souligne le Pr Antoine Magnan, principal auteur de l’étude contacté par Pourquoidocteur.
D’après le chef du service de pneumologie au CHU de Nantes l’expérience aurait été concluante. « En même temps qu'on a rendu la souris allergique, on lui a administré le vaccin. Et ça a marché. On a prévenu l’apparition de l’allergie. Le résultat est que le phénotype asthmatique de cette souris disparaît après l’administration de ce peptide. »
Il rajoute : « Chez la souris on a réussi à supprimer complètement la réactivité des voies aériennes (bronches). L’effet est complet, il n’y a plus rien. On n’a donc pas seulement assisté à une diminution de l’asthme. C’est peut être cela le plus intéressant. »
Dernier point satisfaisant selon l’auteur de cette recherche, il n’y aurait pas d’effets secondaires. « Il s’agit d’une petite partie de la protéine d’acarien donc il n’y a pas de risques de déclencher une réaction allergique », rassure-t-il.
Il éradique tous les acariens
D’après le médecin, ce vaccin pourrait mettre fin à l’immunothérapie actuelle (par voie sous-cutanée ou sublinguale) puisqu'en deux piqûres les animaux ont été protégés pendant plusieurs mois. Mais « en pratique, chez l’homme, on ne connaît pas encore la durée de protection », précise-t-il.
Plus intéressant encore, ce vaccin marcherait sur les deux principaux types d’acariens auxquels tous les allergiques sont sensibles. "Dermatophagoïdes pteronyssinus" et "dermatophagoïdes farinae" sont en effet les espèces d’acariens les plus présentes dans la poussière de maison. Pour idée, un matelas peut contenir près de deux millions d’acariens, et on peut trouver jusqu’à 2 000 acariens par gramme de poussière.
Avant le début des essais sur l’homme il faudra être patient, car « il faut encore réaliser des tests sur les animaux », confie le Pr Magnan. Il espère cependant pouvoir inclure les premiers patients « peut-être d'ici 5-7 ans, dans moins de 10 ans en tout cas ».