Elle est déjà mère de 13 enfants et grand-mère de 7 petits-enfants, mais il faudra sans doute ajouter quelques pages au carnet de famille. Mardi dernier, Annegret Raunigk, une berlinoise de 65 ans, a accouché par césarienne de la bagatelle de quatre bébés.
Si la grossesse s’est déroulée sans grande complication, les bébés sont nés très prématurément, à seulement 26 semaines d’aménorrhée contre 40 pour une grossesse normale. La fille Neeta (655 g) et les garçons Dries (960 g), Bence (680 g) et Fjonn (745 g) ont été placés en couveuse, et ont « de bonnes chances de survie », d’après la chaîne de télévision allemande RTL (lien en allemand).
Une « serial mum » médiatique
Annegret Raunigk a subi plusieurs procédures d’inséminations artificielles en Ukraine. Dans son portrait publié dans l’édition du dimanche du tabloïd allemand Bild (lien en allemand), elle raconte avoir subi un « choc » en apprenant, lors de la dernière tentative, que les quatre embryons avaient réussi à s’implanter. En réponse aux critiques sur son âge avancé, elle répond qu’à 20 ou 65 ans, « on ne sait jamais ce qui peut se passer ».
Enseignante d’anglais et de russe, Annegret Raunigk, avait déjà suscité l’attention des médias allemands en 2005, en accouchant d’une petite fille à l’âge de 55 ans. Pour cette nouvelle naissance, elle a signé un contrat d’exclusivité avec la chaîne privée RTL, qui l’a suivie tout au long de sa grossesse.
Problème éthique
Interrogé par Le Parisien, Axel Kahn, médecin généticien et ancien membre du Comité consultatif national d’éthique, s’est montré quant à lui très critique vis-à-vis des médecins ayant réalisé la procédure, pointant le risque évident – et avéré – d’accouchement prématuré. « Les médecins biologistes ukrainiens qui ont pratiqué les assistances médicales à la procréation, sans doute par appétit du gain, ont eu un comportement inqualifiable », s’insurge-t-il.
Une naissance prématurée représente un risque vital pour l’enfant, mais influe également sur sa future qualité de vie. On estime ainsi que la moitié des très grands prématurés présentent des séquelles plus ou moins gaves, notamment d’ordre cognitif (anxiété, troubles de l’attention, de la mémoire, etc.). En France, l’assistance médicale à la procréation est ainsi légalement réservée, pour des raisons éthiques, aux couples « en âge de procréer », ce qui porte l’âge maximum de la mère autour de 45-50 ans.