Le conflit qui oppose depuis plusieurs semaines les 75 000 salariés non médecins des 38 hôpitaux de l’Assistance publique de Paris (AP-HP) à la direction pourrait se résumer à quelques chiffres. Il porte sur la réorganisation du temps de travail et des 35 heures.
Un casse-tête pour Martin Hirsch qui, pour préserver 4 000 emplois dans les 5 ans à venir, propose aux syndicats un compromis. « Une réduction de quelques minutes de la durée de la journée de travail en échange de l'abandon de cinq RTT dans l'année », résume François Béguin dans le journal Le Monde.
Le directeur de l’AP-HP veut ainsi limiter la casse de l’édifice là où les syndicats réclament une rénovation : « Sans moyens supplémentaires, inutile de discuter de quoi que ce soit, scande l'USAP-CGT à l'AP-HP, le syndicat majoritaire, en mettant en avant la pénibilité, le temps de travail et la vie familiale.
Réduction du déficit d’un côté, toujours plus de moyens de l’autre, c’est donc un dialogue de sourds qui s’est instauré. Et c’est dans la rue que les 5 000 à 8 000 grévistes se sont fait entendre le 21 mai dernier. Ils comptent récidiver ce jeudi dans les rues de Paris.
Observée à la loupe par le monde hospitalier, cette épreuve de force est, à bien des égards, emblématique. Son issue en dira long sur la volonté du gouvernement d’engager une réforme structurelle à l’hôpital.
Pour l’instant, on compte les points. « C'est un soutien bien mesuré et prudent que lui a pour l'instant apporté la ministre de la Santé », observe le journaliste du Monde en faisant référence à Martin Hirsch. Le 19 mai, Marisol Touraine a rappelé qu’elle veillerait « au respect des droits des salariés comme aux conditions du dialogue social ».
Le courageux directeur de l’AP-HP, soutenu par les commissions de médecins, serait-il, d’ores et déjà, lâché par l’exécutif ? Impossible de conduire une telle bataille sans avoir l’imprimatur de l’Elysée et de Matignon, nuance un représentant des dirigeants de l’hôpital dans le quotidien.
Gagnant ou perdant, les paris divergent, mais le constat s’impose à tous : un statu quo plongerait l’AP-HP et, par ricochet d’autres structures hospitalières, dans le chaos.