Le burn-out, ou épuisement professionnel, est un sujet qui continue de faire parler. Une étude de l’université de Montréal démontre que le temps de trajet entre le domicile et le lieu de travail, la distance parcourue, le moyen de transport utilisé et les embouteillages sont des facteurs de stress qui peuvent nuire à l’efficacité au travail et entraîner un épuisement professionnel.
« Une corrélation existe entre ces marqueurs de stress et la propension à souffrir d'épuisement professionnel. Mais leur portée varie en fonction des individus, des conditions relatives aux déplacements et du lieu où les gens travaillent », affirme Annie Barreck, auteure de l’étude.
Les résultats de cette étude ont été présentés au 83ème Congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) le 26 mai dernier.
Un lien significatif entre trajet et burn-out
Pour décrypter l’impact des différents modes de transport et leur durée sur ce trouble psychique, Annie Barreck a analysé le bien-être de 1942 personnes, âgées de 17 à 69 ans, qui travaillent dans 63 établissements de la province du Québec. Et les résultats confirment le lien entre le trajet quotidien domicile-travail et les symptômes d’épuisement professionnel. La chercheuse a constaté que les longs trajets en voiture ou en transport en commun étaient tous deux mauvais pour les travailleurs.
En voiture, le stress et la perte de contrôle des conducteurs étaient dûs aux aléas du trafic. Cette perte de contrôle, est, selon l'auteure de l'étude, d’autant plus importante lorsqu’on est passager. Ce dernier ressent encore plus d’anxiété que les chauffeurs. « Le covoiturage réduit le sentiment de contrôle des passagers, ce qui leur cause davantage de stress avant d'arriver au boulot », explique Annie Barreck.
Pas plus de 35 minutes de trajet
« Les effets de la durée du trajet sur la santé psychologique varient selon le moyen de transport utilisé et la région où l’on travaille », commente Annie Barreck. Elle évalue ainsi à 20 minutes la durée acceptable d’un trajet entre son lieu de travail et son domicile. Elle préconise de ne pas dépasser le cap des des 35 minutes qui augmenterait « le degré de cynisme envers l’emploi ».
L’auteur invite donc les entreprises à être plus flexibles dans les horaires des employés pour accroître leur efficacité et retenir leurs salariés. « Les employeurs ont tout à gagner à se soucier de la santé psychologique des travailleurs qu’ils embauchent », conclut la chercheuse.
Dernièrement, une étude du cabinet Technologia indiquait qu’en 2014, près d’un quart des actifs était touché par ce phénomène. Le 27 mai dernier, Benoît Hamon, soutenu par 30 députés, a présenté à l'Assemblée Nationale trois amendements pour faire reconnaître le burn-out comme une maladie professionnelle.