Un accès au traitement dès le diagnostic d’une infection par le VIH, c’est efficace. Cela peut sembler évident, mais aucune étude n’avait permis de quantifier l’impact de cette pratique sur la survie des malades. Un large essai clinique international, START (Strategic Timing of AntiRetroviral Treatment), livre des résultats intermédiaires. Les antirétroviraux divisent par deux le nombre de maladies liées au Sida comme les maladies cardiovasculaires ou rénales.
Dès l’instant où une infection par le VIH est diagnostiquée, le patient doit recevoir un traitement antirétroviral. Ce sont les recommandations en vigueur aux Etats-Unis, en France, et soutenues par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette trithérapie permet à l’organisme de maintenir un taux normal de lymphocytes CD4+ (500 cellules/mm3) et donc de se défendre contre les infections.
Mais à quel point une prise en charge précoce est-elle bénéfique ? C’est la question posée par l’essai clinique START, qui a inclus plus de 4 600 séropositifs qui n’avaient jamais pris de traitement. La moitié a reçu immédiatement des antirétroviraux, l’autre moitié a attendu que le nombre de lymphocytes CD4+ tombe à un niveau faible (350 cellules/mm3).
Un traitement doublement bénéfique
Les résultats de l’essai START devaient paraître fin 2016. Mais au terme d’une réunion intermédiaire, un comité d’évaluation a suggéré une présentation avancée. Il faut dire que les données sont très positives. Dans le groupe qui a patienté avant de recevoir la trithérapie, 86 personnes ont développé une maladie grave liée au Sida. Dans le groupe traité tôt, ils n’étaient que 41, soit une réduction de 53 % du risque de maladie grave ou de décès.
« Nous avons maintenant la preuve claire qu’il est bien plus bénéfique pour une personne séropositive de commencer le traitement antirétroviral tôt que tard, commente Anthony Fauci, directeur de l’Institut américain des Allergies et des Maladies infectieuses (NIAID), qui a financé l’essai clinique. Le traitement est doublement bénéfique : il améliore la santé des individus, mais il réduit aussi leur charge virale, ce qui diminue le risque qu’ils transmettent le VIH à quelqu’un d’autre. » Plutôt que d’attendre que les CD4+ soient trop peu nombreux, mieux vaut entamer un traitement dès le diagnostic, estiment les chercheurs. Les participants à l’étude, eux, seront avertis de ces bons résultats, et se verront tous proposer une trithérapie. Le suivi se poursuivra, comme prévu, jusqu’à la fin de l’année 2016.