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Soleil, virus, piqûres

Echapper aux agents infectieux

Par La rédaction

Près d'un voyageur sur deux modifie ses vacances à cause d'un turista. D'autres rentrent avec des crises de paludisme. En attendant la mise au point de vaccins, des conseils simples évitent les mauvais souvenirs.  

Ah, les Tropiques ! Leur soleil étincelant, leur ciel immaculé, leurs plages de sable fin et… cette spécialité à laquelle « succombent » environ 40 % des amateurs de vacances exotiques : la diarrhée du voyageur (DV) ou turista. Provenant de l’absorption d’aliments contaminés, cette infection digestive est généralement bénigne et de courte durée (1 à 5 jours) et se guérit toute seule, à condition de boire de l’eau « safe » et de consommer des produits qui n’agressent pas davantage les entrailles malmenées (pâtes, fruits secs…).
Toutefois, « dans 40 % des cas, ces troubles digestifs amènent le voyageur à modifier son emploi du temps et dans 20 % des cas, ils conduisent à un alitement de quelques jours, voire à une hospitalisation (moins de 1 % des cas) », assure le Pr Olivier Bouchaud, chef du service des Maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Avicenne de Bobigny.
Les agents infectieux en cause ? Les bactéries (Escherichia coli entéro-toxinogène, shigelles, Campylobacter…), à l’origine de 80 % des DV, loin devant les virus (rotavirus, virus Norwalk, adénovirus…, 10 à 20 %) et les parasites (Entamoeba histolytica, Giardia lamblia, Cryptosporidium…, 5 à 10 %). « Le recours aux antibiotiques doit être limité aux formes sévères de DV », insiste ce médecin avant d’indiquer qu’« un vaccin anti-shigelles, des bactéries extrêmement invasives provoquant des ulcérations de la muqueuse du gros intestin, est en cours de développement à l’Institut Pasteur. »

Des nouvelles approches thérapeutiques
Chaque année, 4 000 voyageurs français, de retour au bercail, font quant à eux une crise de paludisme, une pathologie tropicale due au plasmodium, un parasite transmis par les femelles des moustiques anophèles infectées. Avec, selon l’OMS, 225 millions de cas dans le monde en 2010 et 800 000 décès, cette maladie qui se caractérise par la survenue d’épisodes aigus de fièvre, et dont l’évolution varie selon l’espèce parasitaire en cause, est un fléau auquel de nombreux laboratoires tentent de barrer la route. 
Si des candidats vaccins prometteurs sont à l’essai à des phases plus ou moins avancées, d’autres équipes oeuvrent à l’élaboration de nouveaux médicaments. « Une famille d’enzymes appelées "protéines kinases", souvent impliquées dans les processus de cancérisation, joue un rôle essentiel à la survie du Plasmodium dans les globules rouges, avance Christian Doerig, chercheur à l’Inserm et actuellement chef du département de microbiologie à l’université Monash, en Australie. Or, nous avons montré que des molécules conçues à l’origine pour s’attaquer aux kinases dans les cellules cancéreuses, et empêcher ces cellules de se diviser, stoppaient l’évolution du parasite du paludisme dans les cellules du sang et le mettaient hors d’état de nuire. »
L’avantage de cette approche thérapeutique ? Ne pas cibler le parasite lui-même, comme les antipaludéens classiques, et l’empêcher de développer une résistance aux médicaments. De nombreux autres projets sont en cours pour développer des molécules contre diverses enzymes du Plasmodium, comme celle visant à empêcher la synthèse des lipides (constituants essentiels des cellules) du parasite développée par l’équipe d’Henri Vial, à l’université de Montpellier II, et actuellement testée en clinique. 


Philippe Testard-Vaillant

Sciences et Santé, le magazine de l'Inserm 


Les bons réflexes 

 

• Avant de partir à l’étranger, il faut être à jour de ses vaccinations contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la fièvre jaune lorsque les autorités du pays de destination l’exigent et l’hépatite A pour les pays à bas niveau d’hygiène. Pour le reste (encéphalite japonaise, typhoïde, méningite …), parlez-en avec votre médecin.


• Pour être informés des dernières mises à jour, consultez les sites :www.pasteur.fr et www.pasteurlille.fr


• Aucun moyen n’assure une protection totale contre le paludisme. Il convient par conséquent de recourir simultanément à la prise d’un médicament antipaludéen à titre préventif et à des mesures de protection contre les piqûres de moustiques.


• La turista s’attrape avant tout par la nourriture. Consommez des aliments cuits et servis brûlants et lavez-vous les mains au minimum avant les repas et après le passage aux toilettes. Ne buvez que de l’eau encapsulée ou stérilisée.

 

Ne garder que le plaisir

Les doigts de pied en éventail, combien de juillettistes et d’aoûtiens se sentent « renaître » ! Relaxé, dénudé, désinhibé, le corps s’offre alors sans retenue aux flèches de Cupidon. Lesquelles sont parfois empoisonnées. Les maladies sexuellement transmissibles, qu’elles soient provoquées par des bactéries (gonocoques responsables de la blennorragie, tréponèmes responsables de la syphilis...), par des virus (de l’hépatite B, de l’herpès, du sida…) ou des parasites (Chlamydiae trachomatis à l’origine d’infections génitales, Trichomonas vaginalis à l’origine de la trichomonase...), ne font pas relâche pendant l’été et ne connaissent pas les frontières. La parade ? Hormis la chasteté, « la seule méthode de prévention contre les MST reste le port du préservatif lors de tout rapport sexuel », rappelle William Tosin, médecin infectiologue à l’Institut Fournier. Si vous devez en acheter à l’étranger, choisissez une marque connue et vérifiez la date de validité. Accusée, dans les années 1990, de causer des scléroses en plaques, disculpée depuis, la vaccination contre l’hépatite B est le moyen le plus efficace pour se protéger de ce fléau. Quant au risque de contracter le sida en se piquant avec une seringue échouée sur un coin de plage, il est nul. Le VIH ne résiste pas au soleil et à la chaleur. Ce qui ne doit pas vous empêcher de nettoyer la plaie et de consulter un médecin qui vous tranquillisera définitivement en procédant à des analyses sanguines.