Hommes et femmes ne sont pas égaux face aux maladies musculo-squelettiques, et leur prise en charge s’en ressent. L’ostéoporose est beaucoup plus fréquente chez la femme et les hommes sont sous-traités. Cinq chercheurs américains ont réalisé une revue de la littérature, parue dans le Journal of the American Academy of Orthopaedic Surgeons. Ils y concluent que les différences dans les manifestations des troubles musculo-squelettiques doivent être mieux prises en compte pour aboutir à une prise en charge de meilleure qualité.
Plus de blessures aux articulations
Les femmes sont 2 à 8 fois plus victimes de blessures aux ligaments croisés antérieurs. Un accident qui survient surtout lors de sports intenses comme le football ou le basketball, qui demandent des changements rapides d’orientation du corps. « Après une reconstruction du ligament antérieur croisé, les femmes se remettent moins souvent au sport que les hommes, analysent les auteurs de l’étude. De plus, des études prospectives montrent que les femmes ont un taux plus élevé de blessures controlatérales après une première blessure. » Si les femmes se blessent plus, c’est tout simplement parce que leur anatomie diffère. D’autres études ont mis en évidence une plus grande laxité du genou lors de la période d’ovulation de la femme.
Les entorses à la cheville sont aussi deux fois plus fréquentes chez le beau sexe. Ce n’est pas le port des talons – propice aux accidents – qui justifie cela. « Les hommes et les femmes ont différentes stratégies de stabilisation, ce qui suggère que ces différences peuvent affecter la stabilité de l’articulation lors de la blessure », écrivent les chercheurs. A l’inverse, les fractures des os de la main (métacarpes) et des phalanges sont plus courantes chez les hommes.
L’ostéoporose : une situation problématique
Les femmes souffrent davantage de fractures de la hanche liées à l’ostéoporose. Mais la mortalité liée à ce type de fracture est plus élevée chez les hommes. Les auteurs soulignent que les médecins ne savent pas toujours reconnaître l’ostéoporose aussi bien chez l’homme que chez la femme, et donc la traitent moins bien. L’autre caractéristique particulière aux hommes, c’est leur moins bonne récupération : la mortalité est presque doublée pour le sexe masculin.
Mais la situation est plus complexe. Chez les femmes, une fracture de la hanche est liée à l’ostéoporose dans la majorité des cas. « Lorsque les hommes âgés font une fracture de la hanche, l’ostéoporose n’est qu’un des diagnostics possibles, expliquent les chercheurs. L’étiologie de la fracture est souvent le résultat d’une maladie sous-jacente, parmi lesquelles la polyarthrite rhumatoïde, l’alcoolisme ou les déficiences gonadiques. »
« Savoir qu’il existe des différences dans l’incidence et la manifestation (de ces maladies) entre les hommes et les femmes est une partie importante du diagnostic et de la prise en charge des patients, conclut le principal auteur de l’étude, Jennifer Moriatis Wolf. En identifiant à la fois les similarités et les différences, on permettra aux professionnels de santé d’offrir un soin de meilleure qualité aux patients accueillis en orthopédie. »