La Corée du Sud a peur ! Le ministère sud-coréen de la Santé a annoncé ce vendredi un quatrième cas mortel de coronavirus MERS–CoV et cinq nouveaux cas de contamination (41 au total). Preuve de la psychose qui règne à Séoul depuis quinze jours, près de 2 000 personnes ont été placées en quarantaine ou sous observation. Et plus de 1 000 écoles, de la maternelle au lycée, ont désormais fermé leurs portes. Enfin, le numéro de téléphone gratuit mis à disposition par le gouvernement déborde d'appels de Coréens de plus en plus paniqués.
Le danger des cas asymptomatiques
Les habitants craignent, en fait, une une dissémination dans le pays du MERS–CoV, un virus originaire d’Arabie saoudite plus létal mais moins contagieux que celui du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), qui avait fait près de 800 morts dans le monde en 2003.
Et justement, ce poids de la Corée du Sud dans l'économie mondiale inquiète aussi les autres pays. Les voyages en avion fréquents sur le continent asiatique ("hub" de Hong Kong, Séoul, Pékin...) font craindre aux experts qu'une personne contaminée puisse se déplacer en dehors de l'Asie. Contacté par Pourquoidocteur, le Pr Didier Raoult, directeur de l'unité des maladies infectieuses et tropicales émergentes à la faculté de médecine de Marseille, évoque à ce sujet des données récentes sur le MERS–CoV qui montrent un nombre important de cas asymptomatiques.
« Le fait qu'il y ait maintenant des avions partout et des gens qui se baladent avec des formes non déclarées ou mineures accroît bien évidemment la menace de le répandre un peu partout. Aujourd'hui, comme les hommes, les maladies infectieuses n'ont plus de frontières. Si le virus débarque en France ou ailleurs il viendra forcément en avion par quelqu'un de malade », confie ce spécialiste à la tête du Laboratoire de microbiologie des Hôpitaux de Marseille.
L'avion plus à risque que les "hubs"
D'ailleurs, si le virus se retrouve aujourd'hui en Corée de Sud, c'est à cause d'un homme d'affaires infecté par le virus qui a pris l'avion dans un pays du Moyen-Orient pour se rendre en Corée du Sud. Autre exemple de ce risque, en Chine, où le premier cas d'un malade atteint par le coronavirus a été confirmé par les autorités de Pékin, a indiqué vendredi l'OMS.
Il s'agit d'un ressortissant sud-coréen arrivé mardi dans la province de Guangdong, au sud du pays, en passant là encore par un aéroport, celui de Hong Kong en l'occurrence. Âgé de 44 ans, le malade était en contact étroit avec son père, déjà infecté. Il est actuellement en isolement dans un hôpital de Huizhou et avait volontairement ignoré les consignes de quarantaine pour se rendre à un voyage d’affaires.
A ce sujet, le Pr Raoult confirme que même si la maladie n'est pas très contagieuse, le risque de la transmettre est plus important en avion, qu'ailleurs. « Par exemple pour la tuberculose, mais surtout les norovirus, on a vu qu'ils étaient très contagieux dans les avions. Connus pour être la cause la plus courantes de diarrhée dans les pays développés, les norovirus peuvent se transmettre facilement aux gens dans les avions surtout s'ils sont assis côté couloirs ou près des toilettes. »
Pour accréditer les propos du Pr Raoult, il suffit de suivre le voyage déjà parcouru par le nouveau coronavirus depuis son apparition il y a deux ans. Au 1er juin 2015, 1 152 cas d'infection par le MERS-CoV, confirmés en laboratoire, avaient été notifiés à l'Organisation Mondiale de la Santé, et 434 personnes en sont mortes.
L'OMS précise que 24 pays lui ont notifié des cas : l'Arabie saoudite, l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Iran, la Jordanie, le Koweït, le Liban, Oman, le Qatar et le Yémen, pour le Moyen-Orient ; l'Algérie et la Tunisie, en Afrique ; l'Allemagne, l'Autriche, la France (deux cas confirmés dont un mortel), la Grèce, l'Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Turquie, pour l'Europe ; la Corée du Sud, la Chine, la Malaisie et les Philippines, en Asie ; et les Etats-Unis, pour l'Amérique du Nord.