Un nouvel effet délétère de la pollution vient d’être mis en avant par la communauté scientifique. Des chercheurs ont en effet isolé le risque de malformation génitale du garçon, lorsque le fœtus est exposé à des polluants (solvants, détergents, pesticides...) pendant la grossesse.
Un risque triplé
Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue European Urology. Pendant cinq ans, deux professeurs du CHRU de Montpellier ont recensé dans les CHRU de Marseille, Bordeaux, Nice et Montpellier, des malformations touchant 600 enfants, dont 300 atteints d’hypospadias, une anomalie congénitale de la verge du nouveau-né (orifice de l'urètre anormalement positionné).
Le risque de naître avec un hypospadias serait ainsi multiplié par trois lorsque les garçons ont été exposés à des perturbateurs endocriniens dans le ventre de leur mère au moment de la différenciation sexuelle. « L'étude démontre pour la première fois que l'exposition professionnelle habitationnelle ou domestique, et afortiori leur association, augmente fortement le risque de malformation génitale », affirme Charles Sultan, l’un des auteurs de l’étude, cité par l’AFP.
Des professions plus à risque
Ainsi, les professions des deux parents ainsi que leurs lieux d'habitation joueraient un rôle clé dans cette exposition. L'étude énumère ces professions à risque : femme-homme de ménage, coiffeur, esthéticienne, laborantin, agriculteur, mécanicien, peintre…
« La présence d'une usine d'incinération, d'une décharge, d'une usine chimique ou de culture intensive dans un rayon de 3 km autour du lieu d'habitation est plus fréquente dans le cas d'enfants hypospades », relève également le Pr Sultan.
Recrudescence du nombre de micros pénis
Selon les chercheurs, la pollution entraîne également chez le garçon « un problème de micro pénis et l'apparition de glande mammaire à la puberté ». « Jamais dans mon service il n'y a eu autant de garçons avec des micros pénis », notent-ils en appelant « au respect du Grenelle de l'environnement » et à « l'arrêt urgent de l'utilisation des pesticides », qui augmenté « de 11 % en 2014 ».
Charles Sultan a expliqué être sur le point de réaliser une étude sur la précocité pubertaire chez les filles. « Un phénomène inquiétant » et « de plus en plus important dans le sud de la France », avec également pour cause la pollution de l'environnement, notamment les pesticides. « 68 % des petites filles qui ont connu une puberté très jeune vivent dans un environnement à risque », conclut-il.