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Trois millions de personnes concernées

Le mal des transports vaincu par la rééducation

Par Melanie Gomez

En voiture, en bus ou en bateau… 3 millions de personnes sont malades dans les transports. Une technique de rééducation originale guérit définitivement 75% des patients. 

Moo/REX/SIPA

Dans une salle obscure, un homme se tient debout, pieds nus au centre de la pièce. Tout à coup, alors qu’il ne dispose plus d’aucun repère visuel, une stimulation lumineuse se met en marche. Un peu comme si un stroboscope s’était mis en route, les projections de lumière intermittentes provoquent au fur et à mesure une illusion de mouvement. Nous ne sommes pas dans une boîte de nuit, mais bel et bien au cœur d’une séance de rééducation. Cet homme au centre de la pièce est handicapé depuis plusieurs années par un mal de mer dont il souhaite aujourd’hui se débarrasser. 

Comme 3 millions de personnes en France, ce patient est atteint de cinétose, communément appelé le mal des transports. Lorsque les astuces de grand-mère ne fonctionnent pas, et que les médicaments habituels ne font aucun effet, un programme rééducation donne de très bon résultats. Il se pratique dans certains services hospitaliers spécialisés dans les troubles de l’équilibre, mais aussi chez des kinés vestibulaires.
On les appelle ainsi car ils sont spécialistes dans le traitement des affections qui touchent le vestibule, cette petite partie de l’oreille interne qui est en quelque sorte l’ordinateur central de notre équilibre. Même s’il est quasiment impossible d’expliquer pourquoi un tel souffre du mal de mer et un tel ne ressent aucun symptôme lorsque le bateau tangue, ce que l’on sait, c’est que l’origine de ce mal se trouve dans l’oreille et que l’on peut la rééduquer.

Ecoutez Thierry Laurent, kinésithérapeute et rééducateur vestibulaire: «  C’est un conflit neuro-sensoriel entre le vestibule qui est dans l’oreille interne et l’entrée visuelle »




Pour venir bout du mal des transports, Thierry Laurent, masseur kinésithérapeute dans l'Ariège utilise plusieurs outils au cours de ces séances de rééducation. Dans un premier temps, il installe le patient dans un fauteuil rotatoire, pendant qu’un logiciel enregistre les mouvements de ses yeux.  
L'objectif du fauteuil est de rendre le patient « presque » malade,  en recréant les conditions dans lesquelles surviennent les vertiges, les nausées voire les vomissements. Le but est de créer volontairement un conflit sensoriel pour que le cerveau s’habitue graduellement à réagir face à cette situation d’urgence. Ensuite, le kiné poursuit la séance de rééducation par la partie optocinétique du travail. Le patient est placé dans l’obscurité totale avec une sphère percée de milliers de trous derrière lui. A l’intérieur de celle-ci, une ampoule donne à la personne la sensation que le décor bouge.

Ecoutez Thierry Laurent : « Il faut entre 10 et 20 de séances de rééducation qui durent entre 15 et 30 minutes selon la facilité à supporter les exercices. »  




Des séances de rééducation qui peuvent être entièrement remboursées par la sécurité sociale à partir du moment où le médecin prescripteur note clairement "rééducation vestibulaire" sur l’ordonnance. Les résultats sont quant à eux durables, mais cette méthode est efficace pour 3 personnes sur 4. Quelques malades restent réfractaires. « La rééducation vestibulaire fonctionne parfois moins bien chez les patients très âgés, car les exercices sont plus compliqués lorsque l’on a très peur de tomber. Par contre, ça marche vraiment très bien chez les plus jeunes, du petit enfant de 5 ans jusqu’aux personnes de 60 ans », explique Thierry Laurent.

La rééducation vestibulaire peut être utile dans d’autres circonstances et face à d’autres pathologies. Dans son cabinet, Thierry Laurent s’est servi récemment de son fauteuil rotatoire et de sa sphère lumineuse pour traiter une jeune fille de 17 ans. A la suite d’un virus qui avait partiellement détruit son oreille interne, la jeune femme présentait des troubles de l’équilibre, elle penchait beaucoup du côté lésé.

Ecoutez Thierry Laurent : « Malheureusement, les médecins ne connaissaient pas assez la rééducation vestibulaire et ne nous envoient pas toujours les patients ou trop tard. »