Les innovations en matière de prothèses n’en finissent plus de surprendre. Déjà l’an passé, des scientifiques américains avaient mis au point une prothèse de bras hi-tech capable de reproduire 10 mouvements différents. Cette fois-ci, c’est d’Autriche que vient cette petite révolution médicale. L’équipe du Pr Hubert Eggert de l’université de Linz vient de présenter, pour la première fois, une prothèse capable de redonner au porteur une sensation de marche et de toucher.
Le patient, Wolfgang Rangger, un professeur de 54 ans amputé à la suite de complications liées à un AVC, a été opéré avec succès fin 2014.
Directement connéctée au moignon
Pour que cette prothèse fonctionne convenablement, les médecins ont utilisé les terminaisons nerveuses situées sur le moignon, initialement reliées au pied amputé. Elles sont reliées à la jambe artificielle, équipée de capteurs placés sous la plante du pied et qui sont en contact avec des stimulateurs placés au niveau du moignon.
C’est l’information transmise entre capteurs et stimulateurs qui permet de reproduire les sensations du membre perdu. « Sur un pied en bonne santé, ce sont des récepteurs sur la peau qui remplissent cette fonction. Chez un amputé, ils manquent, bien sûr. Mais les transmetteurs d'information que sont les nerfs continuent d'exister. Il suffit de les stimuler » explique le Pr Eggert à l’AFP.
Oubier le membre fantôme
En plus de retrouver certaines sensations de marche et de toucher, cette prothèse d’un genre nouveau permet d’enlever les terribles douleurs du membre fantômes qui émaillaient le quotidien de Wolfgang. Quelques jours après la pose de cette dernière, les douleurs s’étaient évanouies.
La sensation du membre fantôme est en fait l’impression que le membre amputé est toujours présent, la douleur ressentie au niveau du moignon peut être décuplée par cette impression. La prothèse a la capacité d’informer le cerveau que le membre, même artificiel, est bien présent.
Aujourd’hui, Wolfgang peut marcher, courir et même faire quelques balades à vélo. « Avant, j'arrivais à peine à marcher. Je ne dormais pas plus de deux heures par nuit, et j'avais besoin de morphine pour tenir le coup dans la journée » explique-t-il. Si l’industrialisation de cette prothèse semble réalisable à moyen terme, les médecins souhaitent se donner du temps pour observer l’évolution de la prothèse dans le temps. En revanche, il est clair que ces nouvelles technologies ont un prix. Le coût de l’équipement est en effet évalué entre 10 000 et 30 000 euros.