Vincent Van Gogh. Ernest Hemingway. Antonin Artaud. Marlon Brando. Ces quatre personnalités ne partagent pas seulement la créativité. Ce sont aussi des malades mentaux célèbres, qui souffraient de troubles bipolaires ou de schizophrénie. Et nombreux sont les artistes qui souffrent de troubles psychiques. Ce n’est pas le fruit du hasard : créativité et maladies mentales ont des racines génétiques communes. C’est le résultat de l’analyse des données génétiques de la population islandaise. Les résultats, parus dans Nature Neuroscience, montrent que les personnes créatives possèdent des gènes de prédisposition aux troubles psychiatriques.
Les données génétiques de plus de 96 000 Islandais ont été passées en revue. Les individus ont été classés en deux groupes : créatifs ou non. Pour intégrer le premier groupe, il fallait faire partie d’une société artistique nationale (art dramatique, danse, musique, art visuel, écriture).
Un environnement variable
Pour les auteurs de l’étude, la créativité se caractérise par des processus cognitifs différents du reste de la population. Les maladies psychiatriques que sont la schizophrénie et le trouble bipolaire se caractérisent aussi par une altération des capacités cognitives et émotionnelles. Un lien n’est donc pas exclu. Les données génétiques confirment cette hypothèse : les scores montrent que la créativité se situe à mi-chemin entre la bonne santé mentale et la maladie psychiatrique.
« L’idée que ces troubles reflètent les extrêmes du spectre normal du comportement humain plus qu’une maladie distincte est de plus en plus acceptée, souligne Robert Power, premier auteur de l’étude. Si nous savons quels comportements sains, comme la créativité, ont une biologie commune avec des maladies psychiatriques, nous comprendrons mieux le processus qui rend une personne malade. Nos résultats suggèrent que les personnes créatives ont peut-être une prédisposition génétique qui les pousse à réfléchir différemment. »
Cette prédisposition serait similaire à celle des patients bipolaires ou schizophrènes. Mais les « créatifs » auraient bénéficié de facteurs génétiques et environnementaux favorables, à la différence des seconds.