Plus de trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté en France, 30 000 sont sans domicile, 9 000 vivent dans des bidonvilles et chaque année 140 000 décrochent de l’école, précise une enquête menée par l’Unicef. Des chiffres alarmant pour l’Agence onusienne, qui dans un rapport intitulé « Chaque enfant compte. Partout, tout le temps » et publié ce mardi, épingle la France sur ses manquements en matière de droit des enfants.
Pour Michèle Barzach, présidente de l’Unicef France, « il vaut bien mieux naître et grandir en France que dans bon nombre d’autres contrées, tant notre pays consacre de moyens financiers colossaux et fournit d’efforts considérables pour offrir au plus grand nombre d’enfants un cadre de vie bienveillant. Pour autant la France échoue en partie à l’égard de l’enfance et de la jeunesse et ce sont les plus fragilisés par la pauvreté, l’exclusion sociale, les discriminations mais aussi par cette période si particulière qu’est l’adolescence, qui en payent le plus lourd tribut », souligne-t-elle.
« Un cri d’alarme »
Entre 2008 et 2012, 440 000 enfants supplémentaires ont plongé avec leurs familles dans la pauvreté, souligne le rapport qui a été remis aux experts du Comité des droits de l’enfant, à Genève. La présidente d’Unicef France constate qu’il existe « des disparités territoriales de plus en plus marquées, particulièrement criantes en France ultra-marine. « Notre rapport est un cri d’alarme qui doit pousser les autorités françaises à agir d’urgence et de manière plus efficiente pour chaque enfant », conclut Michèle Barzach. Pour preuve, le rapport reprend une enquête de l’ENFAMS (enfants et familles sans logement personnel en Ile-de-France) de l’Observatoire du Samu Social de Paris, qui indique que près de 40 % des sans-domicile seraient des familles.
L’Unicef dénonce également les manquements en matière d’éducation des enfants en situation de handicap, en France. Ainsi 20 000 d’entre eux ne seraient pas scolarisés, tout comme 80 % des autistes. Des chiffres qui témoignent du manque d’investissement des autorités en matière d’intégration scolaire et par conséquent sociale.
Des situations indignes
Le rapport dénonce particulièrement « la situation inacceptable des enfants migrants non accompagnés et/ou vivant en bidonvilles », qui seraient entre 8000 et 10 000 en France. Ces derniers sont en effet privés de leurs droits fondamentaux et victimes de discriminations. Ils « comptent parmi les plus vulnérables », insiste Michèle Barzach.
Pour l’agence de l’Organisation des Nations Unies, la France n’applique pas la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). Dans son analyse, elle interpelle le gouvernement français quant aux progrès qu’il reste à faire et émet 36 recommandations concrètes. « La stratégie globale pour l'enfance n'existe toujours pas » en France, déplore Michèle Barzach. « Il n'y a pas de véritable politique publique de l'enfance et de l'adolescence consolidée et articulée, ni de mécanisme de suivi et d'évaluation à la hauteur », affirme la présidente. Cette dernière souligne que « nous pourrions faire beaucoup mieux avec les mêmes moyens ».