Comme le souhaitait la ministre de l’écologie Ségolène Royal, le perchloroéthylène disparaît progressivement des 4000 pressings installés en France. Considérée comme cancérigène pour les utilisateurs et les voisins des magasins, cette substance très volatile utilisée pour le nettoyage à sec est le plus souvent remplacée par des solvants pétroliers.
Mais pour la Fédération Nationale d’entretien des textiles (Fnet), ces derniers ne sont pas non plus sans risques : ils peuvent être très facilement inflammables et à l’origine de nombreuses explosions. Depuis 2012, cinq incidents de ce type ont été répertoriés.
Risque d'explosions avec les nouveaux solvants
A l’heure actuelle, près de 300 pressings utilisent déjà ces solvants. Un vrai danger pour Jean Tomaseli, le président de la Fnet. Les solvants à base d’hydrocarbures écartent, certes, tous dangers pour les voisins, mais il sont bien plus dangereux que le percholoéthylène. Imaginons qu’une explosion se produise dans un quartier résidentiel, les conséquences pourraient être dramatiques », indique-t-il. Des faits corroborés par un rapport de la CRAMIF qui expliquait que l’utilisation de ces produits devait être scrupuleusement encadrée. En plus de son inflammabilité, elle est responsable de troubles chez l’utilisateur en cas d’inhalation prolongée : vertiges, vomissements.
La Fnet et la centaine d’artisans qu’elle représente demandent une expertise indépendante qui, selon eux, n’a jamais eu lieu. « Notre profession est victime de préjugés, personne ne connaît vraiment les effets de tel ou tel produit sur la santé des travailleurs », s’emporte Jean Tomaseli.
C’est dans ce sens que la Fédération a décidé d’écrire au procureur de la République et au ministère du Travail. Leur objectif est de prouver que ces nouvelles conditions de travail n’offrent pas plus de sécurité qu’auparavant.
Un peu à l’image de la situation française, les autorités sanitaires allemandes avaient également voulu remplacer le « perchlo » par ces solvants. L’expérience n’a pas été très concluante. Très vite, les employés de différents pressings qui utilisaient tous la technique de « soufflage des vêtements », se sont plaints d’allergies. En effet, les composants de ces solvants sont bien plus lourds, ils ne peuvent donc pas s’échapper à l’air libre et retombent directement dans la pièce de travail.
C’est d’ailleurs ce phénomène qui serait également à la base de plusieurs explosions. « Les machines de nouvelle génération ne sont pas encore adaptées à ces nouveaux produits », explique Jean Tomaseli.
Plus de perchloroéthylène d'ici 2022
Les propriétaires de pressings se retrouvent donc dans une impasse. En effet, si la présence de perchloroéthylène est détectée dans une habitation située à proximité d’un établissement de nettoyage à sec, le préfet devra mettre en place des « actions rapides » pour que les professionnels respectent les concentrations préconisées par le Haut Conseil à la santé publique.
L’objectif du gouvernement est de faire disparaître définitivement le percho d’ici 2022.