Selon une étude réalisée par Jean-François Viel et Cécile Chevrier, deux chercheurs de l’Inserm, l’exposition aux pyréthrinoïdes contenus dans plusieurs insecticides aurait chez les jeunes enfants un lien direct avec l’altération de leurs capacités intellectuelles.
Cette découverte pourrait relancer une nouvelle fois le débat sur l’utilisation de certaines substances phytosanitaires.
Etudier les mères et les enfants
Les travaux ont été divisés en deux phases. Dans un premier temps, des échantillons d'urine de 287 mères ont été analysées aux 6e et 19e mois de grossesse afin de doser les concentrations de métabolites de pyréthrinoïdes. Six ans plus tard, les deux psychologues sont allés à la rencontre des enfants. L’un des deux a procédé à l’évaluation des performances neurocognitives (compréhension verbale et mémoire du travail) de l’enfant à l’aide de l’échelle WISC. L’autre a caractérisé l’environnement de l’enfant, en prenant en compte les facteurs confondants (éducation, tabac, poids, lieu de résidence…) qui peuvent avoir un rôle sur le développement intellectuel.
Les résultats de ces travaux montrent que deux métabolites présents en taux important dans les urines des enfants (3 PBA et cis-DCBA) sont fortement associés à des scores bien moins élevés au test WISC et donc à une baisse significative des performances cognitives. En revanche, aucune corrélation n’a pu être établie entre les trois autres métabolites et un éventuel retard. L’étude de l’urine des mères n’a pas non plus permis d’établir un lien entre l'exposition in utero aux métabolites des insecticides et une incidence sur les scores neurocognitifs des enfants.
Une confrontation quotidienne aux métabolites ?
Les pyréthrinoïdes font partie d’une famille d’insecticides employés dans divers domaines : agricole (insecticides sur les fruits et légumes), vétérinaire (produits antiparasitaires) voire domestique (shampooings anti-poux et produits contre les insectes). On peut imaginer que les enfants sont confrontés de nombreuses fois au cours de leurs premières années à ces produits, dans la nourriture en particulier.
En revanche, les deux psychologues s’accordent à dire que d’autres études plus poussées doivent définitivement conclure à la responsabilité de ces insecticides dans le retard neurocognitif. Les scientifiques soulignent en effet dans leur publication, que les métabolites urinaires se dégradent rapidement, et que les dosages effectués ne sont donc représentatifs que d'une exposition aigüe des enfants aux insecticides.