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Globules rouges de dinosaures : quand le hasard profite à la science

Par Stéphany Gardier

Le petit monde de la paléontologie est sans doute en émoi depuis ce matin. Et l’excitation qui ne manquera pas de saisir les spécialistes (et amateurs !) de dinosaures ne tient pas à la sortie sur les écrans du quatrième opus de Jurassic Park, mais bel et bien à une publication dans la très sérieuse revue scientifique Nature Communications. Comme le rapporte le quotidien suisse Le Temps, des scientifiques de l’Imperial College de Londres expliquent dans un article, paru hier, avoir mis au jour des globules rouges dans des os de dinosaures, vieux de 75 millions d’années ! Une découverte qui a de quoi surprendre au vu de la fragilité des cellules sanguines.

 

Pour le moment, il reste encore à prouver que les traces biologiques trouvées par ces scientifiques britanniques sont bien de véritables globules rouges. Mais ce qui ne manquera pas de faire rêver nombre de scientifiques, c’est la manière dont les chercheurs sont parvenus à cette découverte. Ils la relatent dans leur publication, et ne se sont pas cachés du rôle joué par le hasard dans leurs travaux. Le mot sérendipité prend ici tout son sens. L’on imagine – comme dans un film hollywoodien – les scientifiques, sur un site de fouille, de préférence dans un environnement très hostile (désert, banquise…), découvrir des restes de T-Rex incroyablement bien conservés, et extraire grâce à des technologies de pointe les précieuses cellules.

En réalité, comme le relate Le Temps, l’équipe de l’Imperial College a hérité de vieux fragments d’os de spécimens de dinosaures du Crétacé, que le Musée d’histoire naturelle de Londres n’a pas hésité à leur donner, vu leur piteux état ! L’analyse de ces bouts d’os a mis en évidence des cellules, qui présentent selon les scientifiques des similitudes avec les globules rouges de l’émeu, ersatz d’autruche, qui ne vit qu’en Australie. Là encore, on pense qu’il a dû être bien long et fastidieux de comparer ces cellules de dinosaures avec celles de toutes les espèces existantes. Mais « si nous avons comparé « nos » cellules avec celles de l’émeu, ce n’est pas par choix, mais tout simplement parce qu’un collègue conservait du sang d’émeu au réfrigérateur », raconte dans Le Temps Susannah Maidment.

 

Cette histoire, qui ne trouvera son épilogue qu’une fois les cellules authentifiées, est un merveilleux exemple du poids et de l’importance du hasard dans la recherche scientifique. Elle touche ici une discipline plébiscitée par le grand public, dont une grande partie est fascinée par la préhistoire et ces animaux mythiques que sont devenus les dinosaures. Mais la sérendipité est le fondement de nombreuses découvertes, majeures souvent, dans des domaines très variés. Le hasard ne peut cependant œuvrer que lorsque les scientifiques ont la liberté, et le temps (donc les moyens !) de se laisser surprendre par un événement non programmé dans leurs protocoles de recherche…