Cette nuit, un amendement à la loi Evin a été voté contre l’avis du gouvernement par les députés de l’Assemblée Nationale. Sujet polémique depuis quelques jours, il modifie cette loi qui encadre de manière très stricte toutes les publicités visant à promouvoir les produits alcoolisés.
Proposé par le sénateur Gérard César (Les Républicains), l’amendement en question est censé faire une différenciation entre information et publicité, annihilant du même coup la substance même de la loi Evin. Il a été adopté dans le cadre de l’examen en commission en seconde lecture du projet de loi Macron.
Présidé par la députée socialiste, Catherine Quéré, le groupe viticulture de l'Assemblée nationale avait appelé à voter en faveur de cet amendement, au motif qu'il « garantit un cadre clair pour la survie de notre viticulture, pour le développement des projets oenotouristiques locaux ». De son côté, le député socialiste de la Gironde, Gilles Savary, avait dénoncé la « surréaction du lobby hygiéniste ».
Marisol Touraine "inquiète"
Selon des propos rapportés ce jeudi par le quotidien Le Monde, Marisol Touraine s’est dit « en colère » après cette modification. « Le vote de cette nuit est un coup dur porté à la santé publique. Je regrette que la loi Macron serve à détricoter la loi Evin » s’est emporté la ministre.
Plus tôt dans la semaine, le porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, avait, lui, réaffirmé son attachement à la viticulture, mais s’était prononcé en faveur du statu quo sur la loi. « Il faut faire très attention aux équilibres de la loi Evin. Dès qu'on rouvre ce débat, quelles sont les limites qu'on met ? », a-t-il déclaré lors d’un entretien sur France-Inter.
Claude Evin, créateur de la loi éponyme, s'est dit « très inquiet ». Celui qui est aujourd’hui directeur de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France assiste depuis des années à un détricotage progressif de sa loi de 1991. Selon plusieurs acteurs, les publicitaires regagnent du terrain en redonnant une image positive de l’alcool, notamment en direction des jeunes.
Mais à quel prix ? L’alcool tue 50 000 personnes par an. Dans un courrier adressé récemment aux députés, les représentants des 35 organismes du Fonds Actions Addictions soulignaient que l’alcool est la deuxième cause de mortalité en France. « Dans les services hospitaliers, indique le président du Fonds et professeur d’addictologie, Michel Reynaud, nous voyons désormais des jeunes de 20 à 25 ans atteints de pancréatites ou d’hépatites, alors que ces pathologies frappaient après 50 ans ».