Chaque semaine, depuis plus de 60 ans, James Harrison, un Australien de 78 ans donne son sang. Si cette constance est déjà remarquable, la composition de son sang l’est encore plus. Après des examens poussés réalisés dans les années 1950, des médecins se sont rendus compte que son plasma était composé d’un anticorps rare, capable de prévenir les problèmes d’incompatibilité de rhésus entre la mère et l’enfant pendant la grossesse.
Aujourd’hui, on estime que le donneur surnommé « l’homme aux bras d’or » aurait sauvé la vie de près de deux millions de bébés.
Un sang capable de soigner la maladie hémolytique du fœtus
L’histoire de James commence à l’orée des années 1950 alors qu’il est victime d’une infection pulmonaire face à laquelle les médecins n’ont pas eu d’autre choix que l’ablation du poumon. Interrogé par la chaîne américaine CNN, il se rappelle qu’à son réveil, son père lui raconta que près de 13 litres de sang perfusés ont été nécessaires afin de mener à terme cette périlleuse opération. C’est à ce moment-là que le jeune James décide de donner régulièrement son sang, à l’image de ceux qui ont pu lui sauver la vie.
Or, quelques années plus tard, un appel d’un centre de la Croix-Rouge australienne va bouleverser les choses. A l’autre bout du fil, des médecins apprennent à James que son sang contient un anticorps rare, capable de sauver de nombreuses vies. En effet, il serait capable d’éviter la maladie hémolytique du fœtus, une incompatibilité des rhésus (également appelée incompatibilité fœto-maternelle) qui, dans certains cas, pousse la mère rhésus négatif à « rejeter » son bébé rhésus positif. Dans les années 1970, l’Australie faisait face à une grande épidémie de fausses couches dues à ce phénomène.
Des traitements réalisés grâce à son plasma
James Harrison a donc décidé de travailler avec de nombreux médecins chargés de trouver un remède à ce phénomène potentiellement mortel. Ce sera finalement chose faite quelques mois plus tard, puisque l’injection, appelée Anti-D, a la capacité d’empêcher les femmes enceintes de rhésus négatif de produire les anticorps néfastes pour le bébé (il s’agit de la forme la plus courante de cette maladie). Actuellement, tous les traitements capables de soigner cette maladie sont en Australie réalisés avec le sang de James.
Les médecins se demandent toujours comment le sang de James peut être à ce point spécial et d’une telle qualité. Si on peut penser que les nombreuses transfusions qu’il a reçues lors de son opération du poumon ont favorisé ce petit miracle, aucune explication scientifique tangible n’a pu être avancée pour le moment. Selon la Croix-Rouge australienne, ils seraient une cinquantaine dans son cas sur tout le territoire national.