C’est un coup dur pour les ophtalmologues ! La Commission Spéciale de l’Assemblée Nationale a confirmé et étendu cette semaine la portée de l’amendement de la sénatrice des Alpes-Maritimes, Dominique Estrosi-Sassone (UMP), qui donne un coup de pouce à l'activité des opticiens, au détriment de la santé visuelle, selon ces médecins spécialistes.
Les opticiens futurs prescripteurs ?
Dans un communiqué de presse publié ce mercredi, le SNOF (1) rappelle en effet ses inquiétudes au sujet du débat sur la Loi Macron qui fait l’objet, depuis le lundi 8 juin, d’un examen en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale.
Le syndicat est notamment vent debout contre la Commission Spéciale de l'Assemblée Nationale qui vient de confirmer la suppression de l’obligation d’ordonnance lors de l’achat de lunettes, « ouvrant la voie, pour les opticiens, à la prescription-vente de dispositifs oculaires à des enfants de moins de 16 ans sans que ces derniers n’aient jamais vu de médecin. »
Un risque pour la prévention des affections oculaires
Pire encore, le SNOF déplore la suppression dans le Code de la Santé Publique de toute mention relative à une durée maximum de validité des ordonnances de lunettes. Le rapporteur de la loi Macron, Richard Ferrand, a porté ainsi « le coup de grâce au système de santé oculaire français », écrivent ces syndicalistes.
Ainsi amendé, le projet de Loi Macron expose la population à deux problèmes majeurs, pense ce syndicat. D'une part, « les Français ne pourront plus bénéficier du dépistage et de la prévention sanitaire des affections oculaires garantis par les rendez-vous de contrôle chez l’ophtalmologiste. » Le SNOF rappelle que 80 % des glaucomes traités sont dépistés à l’occasion de ces visites. D'autre part, « les Français se retrouveront directement face à des opticiens-lunettiers, sans formation médicale, qui cumuleront les fonctions de prescription et de vente d’équipements médicaux, ce qui pose de graves problèmes éthiques et sanitaires – en particulier pour les patients jeunes ou fragiles. »
Prochain examen en séance du 16 au 24 juin
Le Dr Thierry Bour, président du SNOF, conclut : « si la Loi Macron est votée en l'état, c’est la fin de la prévention oculaire. La plupart des glaucomes ne seront plus dépistés à temps et les opticiens pourront prescrire des lunettes à un enfant de 5 ans n'ayant jamais vu d'ophtalmo. On va vers une catastrophe sanitaire sans précédent ! », avertit l'ophtalmologue.
Face à cette situation, il lance un dernier appel aux députés français afin qu'ils rétablissent l’obligation d’ordonnance pour les lunettes lors de l’examen en séance du projet de loi du 16 au 24 juin prochain.
(1) Syndicat National des Ophtalmologistes de France