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200 000 personnes concernées

Ramadan : les précautions à prendre pour les diabétiques

Par le Dr Jean-François Lemoine avec la rédaction

VIDEO - Longues périodes de jeûne et repas très riches alternent durant le mois du ramadan. Une période compliquée pour les diabétiques musulmans. Les conseils du Dr Louis Monnier.

Pâtisseries mangées traditionnellement pour la rupture du jeûn. SIMON ISABELLE/SIPA

Dès jeudi et durant un mois, les musulmans du monde entier vont jeuner du lever au coucher du soleil. Parmi eux 50 millions de diabétiques pour lesquels il est important de prendre des précautions particulières. Lors du dernier congrès de l’Association américaine de diabétologie, le Pr Louis Monnier, diabétologue au CHRU de Montpellier a livré ses conseils au Dr Jean-François Lemoine, pour Pourquoidocteur.

 

Des repas trop riches

Faire le ramadan, selon les années et les régions (voir encadré) contraint à s’abstenir de toute alimentation durant des périodes de 10 à 18 heures. « Paradoxalement, on observe en moyenne une prise de poids de deux kilos chez les personnes qui pratiquent ce jeun », relève Louis Monnier. En cause, la composition des repas pris le soir et le matin, souvent plus gras et sucrés qu’à l’habitude. Difficile pour les diabétiques, dans ces moments de partage en famille ou entre amis, d'être aussi attentifs à leur alimentation qu'à l'habitude. Et pourtant les conséquences peuvent être graves.

 

Hospitalisations en hausse

L’absorption importante de nourriture riche n’a pas des conséquences que sur la balance. Elle peut provoquer une augmentation importante du taux de glucose sanguin, dangereuse pour les diabétiques. « Durant le ramadan les hospitalisations pour hyper-, mais aussi hypoglycémies sévères sont multipliées par cinq », souligne le Pr Monnier. En effet, les traitements habituellement pris par les patients diabétiques pour diminuer leur taux de glucose sanguin (insuline et sulfamides) peuvent, durant la journée, aggraver l’hypoglycémie induite par le jeûne.

 

Adapter son traitement

Quel que soit leur traitement, il est conseillé aux patients diabétiques qui souhaitent faire le ramadan de consulter leur médecin. Si le diabète n’est pas équilibré, ou si le patient est particulièrement vulnérable (âge avancé, maladies cardiovasculaires associées, …) le médecin peut l’exempter du jeûne rituel, un cas prévu par le Coran. Pour les autres, une adaptation de leur traitement peut les aider à vivre cette période dans de meilleures conditions et de manière plus sûre. « Mais les patients s’y prennent souvent trop tard, prévient cependant Louis Monnier. Il ne faut pas attendre la veille du ramadan, adapter un traitement peut nécessiter plusieurs semaines. »

 

 

 

Comment faire le ramadan… quand le soleil ne se couche jamais ?

Pendant un mois, les musulmans du monde entier s’apprêtent à jeûner toute la journée, jusqu’au coucher du soleil. Mais encore faut-il que l’astre du jour se couche effectivement … ! Dans les pays situés près du cercle polaire Arctique, où les nuits ne durent parfois qu’une dizaine de minutes, le ramadan est un vrai-tête.

« On a deux questions difficiles: non seulement quand peut-on rompre le jeûne dans le Nord, mais aussi quand faut-il le commencer, a expliqué à l'AFP un porte-parole de l'Association islamique de Suède, Mohammed Kharraki. On est censé commencer le jeûne avant le lever du soleil, à l'aurore. Mais il n'y a pas vraiment d'aurore lors des mois d'été à Stockholm ! »

Depuis quelques années, différentes fatwa (règles coraniques indiquant une conduite à suivre) ont été établies, sans parvenir à un consensus. Les musulmans qui habitent dans les villes septentrionales sont invités à rompre le jeûne à l’heure où le soleil se couche dans le sud de Stockholm. Ils peuvent également suivre les règles en vigueur dans le pays musulman le plus proche – Bosnie, Turquie – ou encore s’en tenir aux horaires de la Mecque.

Pour homogénéiser les pratiques, le Conseil européen pour la fatwa et la recherche va édicter des recommandations communes assorties de conseils pour ceux qui vivent sous le soleil de minuit. D’ici là, le message est clair : « Les gens peuvent essayer de jeûner 19 heures mais ne pas le supporter. Ce n'est pas ça l'idée. Si vous n'arrivez pas à faire votre travail ou à tenir debout, il est temps de rompre le jeûne », a conclu Mohammed Kharraki.