La pratique du cannibalisme mortuaire est une coutume très courante au sein de tribus de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Lorsqu’un décès intervient dans une famille, les femmes sont chargées de démembrer et de préparer le corps afin qu’il soit consommé. De manière générale, ce sont les personnes âgées et les plus jeunes enfants qui doivent, selon la tradition, se nourrir de leurs ancêtres.
Résistants à certaines maladies à prions
En mettant de côté leur étonnement face à cette pratique singulière au regard de nos habitudes occidentales, des chercheurs de l'University College of London ont découvert un lien entre cette pratique ancestrale et la protection de ces tribus contre le développement de maladies à prions, dont la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
Récemment, de nombreuses tribus ont été touchées de plein fouet par une épidémie de maladie à prions (appelée Kuru). Cette dernière décima une grande partie de la population locale mais, après avoir étudié les survivants de près, les scientifiques se sont aperçus qu’une nouvelle variante des protéines, complètement acquise par les membres d’une tribu, leur conférait une résistance particulière à l’infection. « Ceci est un exemple frappant de l'évolution darwinienne chez l'homme : l'épidémie de la maladie du prion sélectionne un seul changement génétique qui a fourni une protection complète contre une démence invariablement fatale », explique John Collinge, qui a codirigé les travaux.
Pour étudier cette évolution, différents tests ont été réalisés sur des souris transgéniques qui présentaient les mêmes variants génétiques que les survivants papous. Ils ont permis d’identifier une mutation au niveau du codon 127. En effet, selon les recherches dont les conclusions sont publiées dans la revue Nature, la mutation provoque le changement d'un acide aminé dans la protéine : une glycine est remplacée par une valine. Une modification minime qui suffit à rendre entièrement résistantes les souris à la maladie de Kuru mais également à la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
Un espoir pour soigner de nombreuses maladies ?
L’explication avancée par les chercheurs est que, par l’ingestion des cerveaux de personnes décédées, les survivants ont pu développer naturellement ces mutations. Si les scientiques affirment ne pas pouvoir tirer de conclusions définitives pour le moment, ils espèrent, à long terme, participer à la création de remèdes pour lutter contre ces maladies à prions.