Mangez des pommes… empoisonnées. Greenpeace publie ce matin un rapport sur le fruit le plus consommé par les Français. Ses conclusions, tirées de l’analyse d’échantillons issus de douze pays européens, pourraient rebuter les gourmets et bousculer les agriculteurs.
Les trois quarts des pommes contaminées
Au menu : 53 pesticides différents détectés sur les 85 échantillons de sol et d’eau prélevés dans les vergers. Environ 75 % des échantillons contenaient au moins un produit phytosanitaire. Une chance sur quatre, donc, de tomber sur la bonne pomme.
Selon l’ONG écologiste, la très grande majorité (70 %) des pesticides utilisés pour traiter ces fruits présente « une toxicité globale élevée pour la santé humaine et la faune sauvage ». C’est notamment le cas du boscalid, du DDT, du chlorpyrifos-éthyl ou du chlorantraniliprole, qui les agrémentent allègrement.
Usage « systématique »
Certes, 97 % des aliments consommés en Europe comportent des résidus de pesticides, selon un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments publié en mars. Mais les quantités se situeraient en deçà des seuils légaux et toxiques. La pomme, elle, est l’un des fruits les plus chargés en résidus, assurent les auteurs de ces travaux, qui dénoncent le « fardeau toxique que la production industrielle de pommes nous fait porter » et le « cocktail de pesticides » utilisé de manière « systématique dans la production agricole conventionnelle ».
L’ONG souhaite ainsi interpeller les Etats de l’Union européenne et les industriels de l’agriculture et de la grande distribution pour « mettre progressivement fin à l'utilisation des pesticides chimiques de synthèse dans l'agriculture » et soutenir les « alternatives non chimiques pour lutter contre les parasites, en particulier les pratiques agricoles écologiques ».
Une menace pour les abeilles, agriculteurs, consommateurs…
Les effets délétères des pesticides sont bien identifiés et régulièrement dénoncés – pas assez, toutefois, pour modifier les techniques agricoles et légiférer contre leur utilisation. En janvier 2014, plus d’un millier de médecins anonymes ont signé une tribune pour lancer l’alerte sur les conséquences visibles des produits phytosanitaires : maladie de Parkinson, cancers de la prostate, du sang, malformations congénitales… Mais aussi infertilité, obésité, puberté précoce.
« Les impacts de l’agriculture industrielle sont nombreux, de la pollution des sols et de l’eau au déclin des abeilles et autres pollinisateurs, en passant par les effets néfastes pour la santé des agriculteurs, de leurs familles et des consommateurs », concluent les membres de Greenpeace.