« Ce que l’Etat réserve désormais à de nombreux malades étrangers, c’est un couloir de la mort qui ne dit pas son nom. » Les mots sont durs, mais ils reflètent bien la colère de l’ONG Médecins du Monde (MdM).
Le 16 juin 2011, le droit de séjour pour soins a été reformé. Depuis, il permet l’expulsion de migrants malades vers leur pays d’origine. François Hollande s’était engagé à revenir sur cette réforme. Constatant le manque d’action, MdM pousse un coup de gueule.
Une femme séropositive, qui vit en France depuis 10 ans, devra rejoindre son pays d’origine, la République Démocratique du Congo. Son accès au traitement antirétroviral est sérieusement remis en question. Ce « traitement indigne » reflète « la constante dégradation des conditions d’accès au séjour pour soins et une accélération sans précédent des placements en rétention des malades étrangers en vue de leur expulsion », d’après l'organisation humanitaire. L’ONG réclame donc plusieurs actions : que ce « traitement indigne » prenne fin, que les enjeux de santé soient de nouveau la priorité, que les étrangers gravement malades soient protégés, et que le ministère de la Santé garde sa compétence dans le dossier.
Une mesure peu « rentable »
Une tribune parue dans le British Medical Journal confirme d'ailleurs le besoin de prendre en charge les migrants. Le gouvernement britannique a décidé de restreindre l’accès des migrants au service de santé en réclamant un paiement à toute personne qui fait une demande d’immigration. Il envisagerait même de faire payer les migrants clandestins qui accèdent aux urgences ou aux soins primaires.
« Le gouvernement britannique veut faire croire au public que les changements proposés rendront le pays moins attirant pour les migrants clandestins, et permettra des économies au contribuable », résument les auteurs. Mais c’est une vision à court terme et erronée, selon eux. Interdire l’accès aux soins risque de provoquer des épidémies, et donc de coûter plus cher à la société et au système de santé.
« Le gouvernement a tort de supposer que faire payer l’accès aux soins de santé aux migrants va réduire la charge sur les ressources du service de santé national (NHS), tranchent les chercheurs. Les preuves montrent que l’approche opposée serait plus utile au Royaume-Uni et au NHS. Ils devraient étudier les moyens d’offrir un accès non discriminant au NHS. »