Dans le palmarès des ovins devenus célèbres, il y a de grandes chances que Dolly, la brebis clonée en Ecosse en 1997, se fasse détrôner par Rubis, petite agnelle OGM, dont la France découvre aujourd’hui l’existence en une du Parisien. Mais si Dolly doit sa renommée à une prouesse scientifique (elle a été le premier mammifère cloné), Rubis arrive sur le devant de la scène médiatique pour des raisons bien moins glorieuses : elle a fait les frais de la malveillance de deux employés de l’Institut national de recherche agronomique (Inra).
L’Inra est coutumier des actes malveillants, mais habituellement, ses équipes de recherche ont plus à subir les conséquences du fauchage sauvage perpétré par des groupes d’opposants aux OGM. Ici, rien de tout cela. Une simple histoire de vengeance, un animalier en charge de l’agnelle qui n’appréciait pas son supérieur et espérait ainsi empêcher sa titularisation, selon les informations recueillies par Le Parisien.
Rubis, petite agnelle née en avril 2014 dans le cadre du projet « Mouton vert » (!), est morte à l’automne dernier, comme ses congénères non-modifiés génétiquement, à l’abattoir. Et a fini dans l’assiette d’un consommateur bien loin d’imaginer les antécédents de ces côtelettes d’agneau ! Or Rubis était porteuse d’un gène issu de la méduse… L’affaire de « l’agneau à la méduse » est donc lancée !
Ce simple fait divers a de fortes chances d’avoir des retombées bien au-delà de cette équipe de l’Unité commune d’expérimentation animale (UCEA) des Yvelines. L’Inra pourrait être le premier à payer les frais de cet incident. « L’affaire semble incroyable et risque de causer du tort à un institut pourtant reconnu pour son sérieux », confie ainsi une source au Parisien.
De tels agissements vont aussi donner de – faux – arguments à ceux qui, par principe, s’arc-boutent contre la recherche sur les OGM. En l’occurrence, le programme en question ne cherche pas à rendre des « moutons verts », comme son nom pourrait le laisser croire, mais permet, en intégrant un gène particulier – GFP – dans le génome des ovins, de faciliter les recherches menées sur ces animaux, qui, elles, visent à développer des thérapies pour l’homme.
Enfin, après la vache folle et les plus récentes lasagnes au cheval, le consommateur risque de tomber une fois de plus des nues, et ne manquera pas penser qu’on lui fait avaler n’importe quoi, y compris des animaux issus de laboratoires. Pour sûr, l’idée de retrouver dans son assiette de « l’agneau à la méduse » va en affoler plus d’un. A tort ici, puisque cette modification génétique ne fait courir aucun risque sanitaire au consommateur, mais l’affaire met en lumière des manquements inacceptables dans la traçabilité des animaux de laboratoires.
L’Inra devra faire amende honorable, et surtout, tirer des leçons de cet incident. Selon l’avocat de l’institut, les recherches sur le site des Yvelines sont pour l’instant à l’arrêt, et l’Inra préparerait « une série de mesures fortes afin de corriger très fermement ces errements inacceptables ».