Plus de la moitié des fumeurs et ex-fumeurs considérés en bonne santé après avoir passé un test de capacité respiratoire souffriraient de troubles respiratoires non diagnostiqués, révèle une étude mise en ligne ce mardi dans la revue JAMA Internal Medicine.
« Les effets du tabagisme chronique sur les poumons sont nettement sous-estimés lorsqu’on teste uniquement la fonction respiratoire (par spiromètrie, ndlr) », explique le Dr James Crapo, professeur de médecine au National Jewish Health (Denver, États-Unis). C’est à partir de ce constat que les chercheurs ont eu l’idée de faire des examens plus approfondis tels que le scanner ou un test d’effort pour révéler la présence d’une pneumopathie chronique.
Approfondir les examens
Les scientifiques ont alors étudié plus de 8 800 hommes et femmes âgés de 45 à 80 ans qui ont fumé au moins un paquet de cigarettes par jour pendant dix ans. La plupart d'entre eux avaient fumé pendant 35 ans, voire 50 ans, et, selon les tests standards, ils étaient considérés indemnes de la maladie.
Grâce au scanner, les chercheurs ont pu observer que 42 % des participants déclarés sains étaient en réalité atteints d’emphysème (maladie qui touche les alvéoles pulmonaires et qui détruit peu à peu l’organe) et d’un épaississement des voies respiratoires.
En outre, 23 % étaient essoufflés lors du test d’effort, contre seulement 3,7 % des non-fumeurs. Pour marcher 350 mètres, 15 % des fumeurs avaient besoin de 6 minutes comparativement à 4 % des volontaires n’ayant jamais fumé.
BPCO, une maladie sous-diagnostiquée
« La plupart des fumeurs souffrent probablement d’une bronchopneumopathie obstructive chronique (ou BPCO) à un stade précoce, indique Elizabeth Regan, responsable de ces travaux et professeur adjoint de médecine au National Jewish Health. Nous espérons que cette étude aidera à détruire le mythe du fumeur en bonne santé et convaincre de l'importance de l’arrêt du tabac pour prévenir les pathologies respiratoires et les effets à long terme du tabagisme. »
De récentes recherches ont montré que des scanners des poumons chez des fumeurs de longue durée (un paquet par jour pendant plus de 30 ans) permet une détection précoce d'un cancer du poumon et réduit la mortalité de 20 %. Repérer tôt une BPCO permettrait également d’améliorer la qualité de vie des malades en traitant précocement les symptômes.
En France, la BPCO touche environ 4 millions de personnes de plus de 40 ans, et plus de 100 000 ont besoin d’oxygène tous les jours. Cette maladie serait responsable de 17 500 morts chaque année. L’Organisation mondiale de la santé prévoit qu’en 2030, la BPCO sera la troisième cause de décès derrière les maladies cardiovasculaires et les cancers.