Et si, paradoxalement, les plus grands dangers présents au sein même des hôpitaux étaient provoqués par les produits de nettoyage ? C’est en tout cas ce que suggère une étude de l’université de Cardiff (Pays de Galles). Les scientifiques alertent sur les serpillères jetables qui, selon eux, seraient responsables d’infections nosocomiales provoquées par le transfert de nombreuses bactéries d’une pièce à d’autres. Ce constat est encore plus vrai lorsqu’une de ces serpillères sert à nettoyer deux surfaces différentes.
Pour mener à bien ces travaux, dont les conclusions sont publiées dans la revue American Journal of Infection Control, les scientifiques se sont intéressés à l’efficacité de sept marques de lingettes parmi les plus utilisées pour faire le ménage dans les hôpitaux britanniques. En parallèle, ils ont également étudié les trois causes les plus fréquentes d’infections nosocomiales dans les hôpitaux : les bactéries Staphylococcus aureus, Clostridium difficile et Acinetobacter baumannii.
Trois bactéries résistantes aux lingettes
Après avoir reproduit un protocole standard de nettoyage d’un hôpital, il a pu être prouvé que l’usage d’une même lingette sur plusieurs surfaces favorise très largement le déplacement de ces bactéries d’une pièce à l’autre.
De plus, un classement a été effectué, il montre bien que certaines lingettes ont plus la faculté que d’autres à éliminer de manière durable les bactéries des sols des hôpitaux. Le déplacement de ces trois bactéries sources d’infections n’est pas anodin, puisque des patients hospitalisés, au système immunitaire plus faible que d’autres, peuvent être contaminés bien plus facilement par ce biais.
Les auteurs insistent sur le fait qu’une lingette doit servir à une seule surface et qu’elle doit être utilisée dans un seul sens. Ces recommandations seraient efficaces pour limiter la propagation des germes.
Les infections nosocomiales sont assez fréquentes dans le milieu hospitalier. Si des doutes planent sur la manière dont les hôpitaux sont nettoyés, une récente enquête réalisée auprès d’infirmiers avance que seuls 3 % d’entre eux respectent scrupuleusement les règles d’hygiène. Certains établissements ont décidé de prendre le problème à bras le corps puisqu’à Marseille, les hôpitaux sont équipés d’une puce qui signale aux professionnels si leurs mains sont mal lavées.