La preuve n’est plus à faire : l’environnement dans lequel se déroule une grossesse a un impact majeur sur la santé du bébé à naître, mais aussi sur celle de la maman. Alcool, tabac, alimentation, sommeil, etc... : les futures mères sont alertées dès les premières semaines de gestation sur les comportements à éviter, et les bonnes habitudes à prendre.
C’est donc une hygiène de vie quasi-irréprochable que l'on attend des femmes enceintes, mais un aspect fondamental de leur environnement est cependant souvent éludé : leurs conditions de travail. Car si la France a le taux de fécondité le plus élevé d’Europe, c’est aussi un des pays où la proportion de femmes qui travaillent est la plus élevée. Or, comme le révèle une enquête de la fondation PremUp, relayée par le Parisien, 43 % des femmes estiment que leurs mois de grossesse au travail ont été un « moment difficile ».
La fondation PremUp, qui milite pour diminuer le risque périnatal, organise le 30 juin prochain son colloque annuel autour du sujet spécifique de l’environnement professionnel de la femme enceinte. Elle rappelle ainsi que « la question de la prise en charge de la maternité dans l’entreprise est désormais partie intégrante des problématiques de responsabilité sociale, sociétale et environnementale (…). C’est également un enjeu majeur de performance pour les entreprises. »
Pourtant, comme le montre l'enquête réalisée par Odoxa pour la fondation, les préjugés vont encore bon train dans l'entreprise sur les futures mamans : pour quatre hommes sur dix, « les femmes enceintes ont moins la tête au travail ».
Philippe Deruelle, chef de service à la maternité du CHRU de Lille, interviewé par Le Parisien, déplore pour sa part un manque de flexibilité dans l'entreprise pour permettre aux femmes enceintes de concilier grossesse et travail le plus longtemps possible. Il le souligne, aujourd'hui en France, la seule solution reste la prescription d'un arrêt pathologique quand une future maman éprouve des difficultés dans l'accomplissement de ses tâches à cause de sa grossesse. « On force la femme enceinte à se retrouver seule chez elle, coupée des autres et de la vie sociale liée à son emploi », dénonce Philippe Deruelle, qui le rappelle : « la grossesse n'est pas une maladie ». Le spécialiste estime ainsi qu'avec des solutions alternatives, il pourrait éviter la moitié des congés pathologiques qu'il prescrit.
Dans les témoignage recueillis par le quotidien, les femmes se plaignent surtout des trajets pour se rendre à leur travail, rendus de plus en plus fastidieux au fil des mois de grossesse. « On dit pouvoir inventer des adaptations au cas par cas, explique Philippe Deruelle au Parisien. Si une femme enceinte est soumise à de longs trajets, pourquoi ne pas développer le télétravail, comme aux Etat-Unis ? »
Première publication le 27 juin 2015