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Propos dangereux, sans base scientifique

Vaccin : le Pr Joyeux poursuivi pour deux infractions par l'Ordre des médecins

Par Bruno Martrette

Le Conseil National de l'Ordre des Médecins, réuni en session, a décidé de porter plainte contre le Pr Henri Joyeux. Il dénonce des propos outranciers et dangereux sur la vaccination.

DURAND FLORENCE/SIPA

Avec près de 700 000 signatures adressées à la ministre de la Santé, la pétition du Pr Henri Joyeux, cancérologue, a récemment défrayé la chronique. Ce médecin proteste contre le monopole de fait de l’Infanrix hexa, un vaccin combiné, qui, à la vaccination obligatoire Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite, adjoint une vaccination facultative (mais recommandée) contre trois autres maladies.

Ce cancérologue formulait aussi une liste de griefs à l’encontre de l’Infanrix hexa. Le vaccin contient de l’aluminium et du formaldéhyde, deux adjuvants qu’il considère comme dangereux pour la santé, et coûterait beaucoup plus cher que les autres vaccins. A ces attaques, Marisol Touraine, mais surtout les infectiologues, ont déjà répondu, expliquant que, contrairement à ce que le Pr Joyeux dénonce dans sa pétition, il n’existe pas de données scientifiques prouvant la toxicité des vaccins pour le cerveau (sclérose en plaques, Parkinson, Alzheimer) et les muscles (myofasciite à macrophages). Et ce jeudi, c’est le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) qui a contre-attaqué.

 

Des propos dangereux pour les patients

Lors d'un point presse organisé ce jeudi, le Président de l'Ordre, Patrick Bouet, a indiqué que le CNOM, réuni en session, a décidé de porter plainte contre le Pr Henri Joyeux. L'institution dénonce deux infractions commises par ce praticien.
« D'une part, il a tenu des propos non appuyés sur des bases scientifiques qui, aujourd'hui, portent atteinte à la profession de médecin. D'autre part, son discours peut être "dangereux" pour la population, puisqu'il s'agirait de discréditer le mécanisme de vaccination préventive, alors que nous considérons qu'il est de la responsabilité du médecin d'accompagner les actions de santé publique inscrites dans le Code de déontologie », a rappelé l'Ordre.   

 

Une radiation de l'Ordre envisageable 

Concrètement, le CNOM va donc porter plainte auprès de la chambre disciplinaire de première instance concernée par l'affaire. Il s'agit de celle du Languedoc-Roussillon, puisque ce chirurgien exerce à Montpellier.
Et avant même les résultats du jugement, Patrick Bouet annonce déjà qu'en cas de relaxe du Pr Joyeux, il va faire appel auprès de la chambre disciplinaire nationale, « car cette affaire nécessite que nous allions jusqu'au bout de la procédure », pense-t-il.

Cependant, il souligne que le temps de la justice est « long », puisque le Pr Joyeux aura entre 6-8 mois pour préparer sa défense, « le temps que cette juridiction administrative (où siège un magistrat) mène l'instruction en première instance ». Le Président de l'Ordre a précisé que la peine encourue pouvait aller « jusqu'à la radiation ».
« Nous ne pouvons pas cautionner des dérives de cette nature, dans le débat sur la vaccination qui agite la société française. Pour régler les angoisses et les inquiétudes, il faut apporter des faits scientifiques, et pas des convictions individuelles », a-t-il conclu.