Le Sida est une menace toujours aussi vivace, et l’ensemble des pays doit réagir dès maintenant. C’est le message d’un rapport de la Commission du prestigieux Lancet, publié en partenariat avec Onusida. « Les cinq prochaines années nous offrent une petite occasion d’accélérer la réponse et de mettre fin à l’épidémie d’ici 2030. Si nous ne faisons rien, les conséquences humaines et financières seront catastrophiques », prophétise le Directeur exécutif d’Onusida, Michel Sidibé. Le rapport, signé par des grands noms de la santé publique, détaille les piliers de la lutte contre le VIH. La solidarité internationale en est la clé de voûte.
Certains pays, dont la France, sont parvenus à marquer le pas de l’épidémie de Sida. Mais ils ont cédé à la complaisance, et les infections repartent de plus belle, dénonce le rapport. Les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH) d’Europe de l’Ouest, d’Amérique du Nord et d’Asie sont particulièrement concernés par ce relâchement. Ces pays développés doivent donner l’exemple en matière de lutte contre le VIH, d’après la Commission du Lancet.
« Renforcer la prévention »
« Si le taux actuel de nouvelles infections par le VIH se poursuit, il ne suffira pas de se contenter de maintenir l’effort déjà en place pour empêcher la hausse des décès causés par le Sida au cours des cinq prochaines années, avertit le Pr Peter Piot, directeur de l’Ecole d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (Royaume-Uni) et membre de la Commission. Il est essentiel d’étendre l’accès au traitement, mais nous n’échapperons pas ainsi à l’épidémie de Sida. Nous devons aussi renforcer la prévention du VIH, particulièrement dans les populations à haut risque, tout en mettant fin aux discriminations légales et sociétales. »
La solidarité internationale est cruciale, précise le rapport. Les pays à hauts revenus doivent soutenir les efforts des plus démunis dans leurs frontières et en dehors. Les auteurs appellent à une meilleure intégration des populations marginalisées. Mais ils soulignent surtout que les pays d’Afrique les plus touchés par le VIH devraient consacrer 2 % de leur PIB et 1/3 des dépenses de santé aux programmes de lutte pour agir efficacement contre l’épidémie. Un véritable gouffre financier qui dépend des programmes internationaux.
Des approches sur mesure
Lorsqu’elle est bien organisée, la lutte contre le VIH porte ses fruits. Dans l’ensemble, l’accès aux traitements antirétroviraux a fait un pas de géant. Il peut encore être amélioré, mais il a permis d’allonger considérablement l’espérance de vie des séropositifs. Les conséquences sur l’économie des pays commencent à apparaître : ces malades ont besoin d’antirétroviraux coûteux pour rester en vie.
La pierre angulaire de la lutte contre le VIH, c’est bien la prévention. Le nombre de nouveaux cas continue de progresser. En l’état, un rebond de l’épidémie est à craindre. D’après la Commission, la mortalité pourrait être fortement réduite, et la transmission mère-enfant virtuellement éradiquée d’ici 2030. Pour cela, les approches doivent être réalisées sur mesure et tenir compte des besoins de la population tout en s’adaptant aux différents contextes. Encore faut-il mettre fin aux législations discriminatoires. Car la seule action durable sera celle qui respectera les droits de l’homme, avertissent les membres de la Commission.