Quelques minutes font aussi bien que plusieurs jours. Le test de diagnostic rapide détecte le virus Ebola avec une précision similaire au test biologique en laboratoire. L’épidémie en cours en Afrique de l’Ouest (Guinée, Sierra Leone, Liberia) a permis de comparer ces deux méthodes. Les résultats, parus dans le prestigieux Lancet, suggèrent que réaliser les tests au chevet des patients permettrait d’améliorer la lutte contre la fièvre hémorragique virale.
En février 2015, une équipe de soignants en Sierra Leone a comparé deux méthodes de diagnostic d’une infection par le virus Ebola. L’une détecte en quelques minutes l’antigène ReEBOV dans une goutte de sang. L’autre s’appuie sur l’analyse de sang veineux et recherche le filovirus à l’origine de la fièvre hémorragique. 106 patients, admis dans deux centres spécialisés de Sierra Leone, ont livré deux échantillons : une goutte de sang au bout du doigt, prélevée à leur chevet, et du sang veineux.
Les chercheurs ont couplé ces analyses à celle de 284 échantillons stockés dans le laboratoire de référence, situé à Port Loko (Sierra Leone).
Aussi efficace que la méthode longue
Les 28 patients positifs au test rapide l’étaient aussi lors de l’analyse sanguine. La sensibilité de la méthode rapide est donc de 100 %. Le TDR se montre un peu moins précis sur les résultats faussement négatifs. Sur 77 patients négatifs, 6 ne l’étaient plus à l’analyse de sang veineux.
« Les résultats du laboratoire mettent parfois des jours à revenir, explique le Dr Nira Pollock, principal auteur de l’étude. De tels délais entraînent non seulement un échec à diagnostiquer et traiter les patients atteints d’Ebola, mais aussi l’admission de patients sains dans des unités sécurisées où ils risquent d’être infectés par Ebola. » Le test rapide représente donc une alternative fiable aux analyses biologiques, et limiterait les contaminations évitables.
Un test biologique pas si efficace
Le Dr Jane Broadhurst, co-auteur de l’étude, voit un autre avantage au test de diagnostic rapide. Il pourrait « avoir un impact immédiat sur la prise en charge des patients et sur le contrôle des infections, en repérant de manière fiable des patients asymptomatiques mais à risque de contagion. »
Si les tests rapides sont instaurés, les patients seront mieux triés, explique-t-elle. Et les contraintes de stockage sont minimes : ces dispositifs demandent seulement à être réfrigérés.
Mais l’étude soulève un point plus problématique. Depuis le début de l’épidémie, en janvier 2014, la référence est l’analyse biologique dans un laboratoire de biologie hautement sécurisé. Mais le test utilisé, RealStar Filovirus Screen RT-PCR, pourrait être moins fiable qu’annoncé.
Pour confirmer le diagnostic, les chercheurs ont utilisé une troisième méthode (Trombley). Elle a mis en évidence six faux-négatifs : le test rapide était positif, le RT-PCR négatif. La technique Trombley, elle, a bien repéré la présence du filovirus. 3 échantillons négatifs aux deux premiers tests se sont avérés positifs au troisième. Les chercheurs souhaitent donc étudier plus en précision l’efficacité de la méthode de référence.