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Décision de l'ANSM

Avastin: Roche ne cède pas à l'injonction de l'ANSM

Par Julian Prial

Alors que l'ANSM le presse d'être prêt en septembre, Roche attaque le décret permettant l'utilisation temporaire de l'anticancéreux Avastin dans la DMLA. 

GENEVAY/SIPA

Depuis mars 2015, la France a autorisé le médicament Avastin dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). En plus d'être trente fois moins coûteux que le Lucentis, cet anticancéreux a montré une efficacité égale dans le traitement de cette pathologie. Pourtant, à l'heure actuelle, le traitement reste inacessible aux patients car le laboratoire Roche s’oppose toujours à la RTU (Recommandation Temporaire d'Utilisation) française arguant d'un risque pour la santé des patients. 
Mais face à l'attitude du laboratoire Roche, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) reste ferme. Elle a annoncé ce vendredi que la RTU concernant l’utilisation hors AMM d’Avastin « entrera en vigueur à compter du 1er septembre 2015 ». De quoi mettre la pression sur le laboratoire pharmaceutique qui a aussitôt répliqué.

 

L'art de gagner du temps 

Contacté par l'Agence France Presse (AFP), le groupe Roche a annoncé avoir attaqué devant le Conseil d'Etat le décret permettant l'utilisation temporaire de ce médicament. La directrice juridique de Roche en France, Sylvie Caccia, citée dans un communiqué, précise que le groupe « a attaqué le décret du 30 décembre 2014 ouvrant la possibilité de mettre en place ce type de RTU malgré l'existence de plusieurs alternatives dûment approuvées, donc en l'absence de besoin thérapeutique et d'intérêt de santé publique ». Sur ce point, « les juridictions administratives ne se sont pas encore prononcées », martèle encore la directrice juridique. Une fois de plus le laboratoire essaye encore de gagner du temps. 

 

Roche utilisera toute voie de droit

Et désormais le groupe ne cache plus ses intentions puisque il dit examiner « la décision de l'ANSM à effet du 1er septembre et utilisera toute voie de droit qui lui est ouverte pour faire valoir sa position », est-il écrit dans le communiqué.

Interrogé par Pourquoidocteur il y a quelques jours, Dr Yannick Pletan, directeur médical de Roche France, expliquait en effet « qu'à l’origine, une RTU s’applique s’il n’existe pas d’alternative thérapeutique. Le nouveau texte propose de supprimer cette condition, mais aussi de permettre la mise en œuvre d’une RTU pour des motifs économiques. Or, nous considérons que l’intérêt du patient passe avant tout, avant même les considérations budgétaires des Etats. Donc, nous avons attaqué ce décret devant le Conseil d’Etat et nous avons eu gain de cause ».
« Le décret a été réécrit et ne prend plus en compte le motif économique pour demander une RTU. Par contre, l’existence de thérapies alternatives ne constitue plus un frein à une RTU », concluait-il.