C’est une première dont on se serait bien passé. Pour la première fois depuis 1987, une personne est décédée de la diphtérie en Espagne. L’enfant de 6 ans est resté hospitalisé un mois avant que la maladie ne l’emporte. Il n’était pas vacciné.
L’hôpital de Vall d’Hebron, à Barcelone, a confirmé ce 27 juin le décès du patient sur Twitter. Hospitalisé depuis la mi-mai, le garçon de 6 ans souffrait de la diphtérie. Son traitement par antitoxine a pris du retard. En effet, l’Espagne ne disposait plus du médicament. C’est finalement la Russie, où la maladie sévit toujours, qui a fourni en urgence le traitement.
Dix personnes de l’entourage du garçon ont été contaminées par la diphtérie. Mais elles étaient vaccinées et n’ont donc pas développé de symptômes. Les parents du patient, en revanche, avaient refusé de vacciner leur enfant. Ils redoutaient les effets secondaires décrits par les groupes anti-vaccination. Aujourd’hui, ils se disent « trompés » par des groupes qui ont décrit leurs idées sans aborder les risques d’un tel comportement.
Une maladie respiratoire
La diphtérie est une maladie infectieuse respiratoire, causée par trois espèces de bactéries : Corynebacterium diphtheriae, Corynebacterium ulcerans et Corynebacterium pseudotuberculosis. Elles produisent une toxine qui infecte les voies respiratoires supérieures et peut paralyser le système nerveux central, voire le diaphragme et la gorge. Le plus souvent, l'infection se manifeste dans les 2 à 5 jours suivant l'exposition et provoque une pharyngite, de la fièvre, une tuméfaction du cou et des maux de tête.
En France, le dernier cas autochtone, c'est-à-dire déclaré sur le territoire, est survenu en 1989. Mais entre 2002 et 2012, 8 infections ont été importées, selon l'Institut Pasteur.
Une polémique européenne
En Espagne, 95 % de la population est vaccinée contre la diphtérie. C’est une couverture suffisante pour conférer une protection collective. Aucune épidémie ne devrait donc se déclarer. Mais comme ailleurs, des polémiques émergent autour de cet acte médical. Le responsable de la santé de la communauté autonome de Catalogne, Boi Ruiz, a donc lancé un rappel à l’ordre général. « Nous lançons un appel aux parents : qu’ils vaccinent leurs enfants, a-t-il déclaré en conférence de presse. Qu’il nous arrive quelque chose comme ça, dans un pays où l’accès à la vaccination est gratuit et universel, doit, en tant que société, nous faire réfléchir. »
Ce triste événement survient dans un contexte tendu en France. Le Pr Henri Joyeux, cancérologue, a lancé une pétition qui dénonce la présence de substances dangereuses dans les vaccins polyvalents, particulièrement l’Infanrix hexa. Près de 700 000 personnes ont signé ce texte, dénoncé par la ministre de la Santé Marisol Touraine. Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a, de son côté, annoncé son intention de poursuivre le cancérologue, voire de le radier.