Ritaline, bêta-bloquants, médicaments contre la démence sénile : autant de molécules psychoactives qui seraient couramment utilisées par les salariés allemands pour « booster » leurs performances au travail, ou gérer le stress. Selon un rapport de l’assurance maladie germanique (DAK) que relaie La Croix, le phénomène toucherait jusqu’à 3 millions de personnes outre-Rhin.
Le jour où la Haute autorité de santé publie de nouvelles recommandations pour rappeler aux médecins et aux patients français que les anxiolytiques, consommés en larges quantités dans l’Hexagone, ne doivent pas être prescrits plus de 3 mois, l’Allemagne découvre donc que ses salariés se dopent. Des deux côtés de la frontière, les prescriptions de molécules psychoactives semblent échapper aux bonnes pratiques. Or, dans un cas comme dans l’autre, les effets secondaires ne sont pas négligeables.
Klaus Lieb, expert allemand du dopage, explique ainsi dans les colonnes de La Croix que les médicaments stimulants n’ont pas plus d’effet que la caféine chez des personnes saines, mais que le prix à payer va de simples tachychardies à des troubles de la personnalité. Le pire à craindre étant bien entendu l’addiction à ces substances qui perturbent la fonction cérébrale.
Le dopage des salariés allemands serait passé de 4,7 à 6,7 % en seulement 6 ans. Et selon La Croix, ce ne serait pas les cadres, les managers ou les créatifs qui auraient le plus recours aux psychoactifs, mais les employés dont les situations sont les plus incertaines.
Problème : plus de la moitié des salariés touchés par ce dopage avouent se procurer les médicaments sur ordonnance, et donc bénéficier de prescriptions sans indication. Le rapport de la DAK révèle que 4 généralistes sur 10 concèdent avoir dû faire face à une demande de psychostimulant de la part de leurs patients.
Pour l’instant, la DAK ne souhaite pas jeter l’opprobre sur les praticiens, qui demandent pour leur part que les recherches soient approfondies pour « confirmer si les prescriptions à des patients sains sont une pratique généralisée ou non ». En attendant la réponse à cette question, le conseil de l'Ordre des médecins allemand insiste sur l’importance de la prévention auprès des salariés… Dans la seule ville de Berlin, rappelle La Croix, entre 2011 et 2013, les prescriptions de Ritaline ont progressé de 89 % !