Le secret médical continue de perturber l’enquête sur le crash de l’Airbus A320 en avril dernier. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) fait le point sur 100 jours d’enquête. Et il reconnaît son incompétence pour juger de la possible levée du secret médical.
Les experts du BEA sont un peu dépassés par la situation. En avril dernier, un Airbus A320 de la Germanwings s’écrase dans les Alpes-Maritimes. L’enquête préliminaire révèle que le co-pilote du vol, Andreas Lubitz, a choisi de mettre fin à ses jours. « C’est la première fois qu’on est confronté à un suicide dans une compagnie occidentale, reconnaît Rémi Jouty, directeur du BEA interrogé par l’AFP. Les questions que cela soulève dépassent le seul monde aéronautique, qui ne peut à lui seul prétendre y répondre. »
« La faiblesse de l’humain »
Pour la première fois, le BEA doit trancher la question du respect de la vie privée des pilotes. En effet, Andreas Lubitz avait vu 41 médecins en l’espace de cinq ans. Mais le dossier médical consulté par la compagnie Germanwings ne faisait mention d’aucune interdiction de piloter un avion de ligne. Le patron de la société, Carsten Spohr, avançait à l’époque une piste de solution : des contrôles impromptus pour les pilotes.
Pour le directeur du BEA, la réponse est à la fois simple et complexe. Il évoque « un équilibre à trouver » entre le passé médical et le respect de la vie privée. Mais il reconnaît que cet équilibre sera délicat. L’analyse et la comparaison des pratiques des différents pays serviront d’appui à de nouvelles mesures. Mais Rémi Jouty le rappelle : dans une telle situation, « on touche vraiment à la faiblesse de l’humain. »