Mourir chez soi, entouré de ses proches. Un souhait que formulent la plupart des patients en fin de vie, mais qui reste vain dans la plupart des cas. Seuls 25 % des décès se produisent à domicile en France, révèle une étude l'Ined, relayée ce matin par Libération.
Les chercheurs de l’Institut national d’études démographiques ont analysé les « trajectoires résidentielles » durant le dernier mois de vie de 14 999 personnes décédées en décembre 2009. Un échantillon jugé représentatif des quelque 47 872 décès survenus durant ce mois en France. Les chiffres mettent en lumière un phénomène important de « médicalisation » au cours du dernier mois de vie. Alors que 28 jours avant le décès, 40 % des femmes et la moitié des hommes vivent encore chez eux, 70 % des hommes et 60 % des femmes meurent à l’hôpital. « Quitter son domicile pour entrer à l’hôpital et y décéder est le parcours le plus fréquent (30 %) », souligne Sophie Pennec, principale auteure de l’étude. Seuls 2 % des patients qui entrent à l’hôpital au cours du dernier mois de leur existence meurent finalement à domicile.
L’étude a également recensé les pathologies qui amenaient le plus à un décès en milieu hospitalier. Alors que 47 % des patients atteints de cancers passent la totalité de leur dernier mois de vie hospitalisés, ceux qui souffrent de troubles mentaux ou de maladies infectieuses sont 77 % à ne plus séjourner chez eux les quatre dernières semaines avant leur mort.
Ces chiffres révèlent un manque criant de moyens, mais aussi peut-être de volonté, pour développer les soins palliatifs à domicile, et mettre en place des réseaux permettant le maintien à domicile le plus longtemps possible. Or mourir chez soi n’est pas qu’une question de lieu. L’étude le montre, selon où l’on décède, l’accompagnement n’est pas le même : « Mourir à domicile en la seule présence de soignants est très rare », soulignent les chercheurs. En effet, cela ne se produit que dans 5 % des cas, alors qu’à l’hôpital, un patient sur deux meure sans être entouré de ses proches. Interviewés par Libération, les chercheurs concluent : « Notre société a tendance à médicaliser la fin de vie, ce qui rend souvent l’hospitalisation incontournable. Penser à la fin de vie à travers un prisme plus social serait de nature à modifier ces résultats. »