L’épidémie d’obésité serait liée à une trop grande disponibilité des aliments. C’est en tout cas la conclusion d’une étude publiée dans l’édition de juillet du Bulletin de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La part de personnes en surpoids a progressé à une échelle mondiale : 37 % des hommes et 38 % des femmes ont un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25. Depuis 1980, c’est une progression de 10 points.
Les auteurs de l’étude ont fait le point sur la disponibilité en aliments dans 69 pays à différents niveaux de revenus entre 1971 et 2010. Dans la plupart (65 %), la quantité de calories disponibles a augmenté de manière assez conséquente pour expliquer la prise de poids mondiale observée sur la même période. En France, l’augmentation est modeste : +16 kilocalories par jour et par personne. Mais l’apport étant déjà excédent au début de l’étude, c’est plutôt mauvais signe.
+760 kilocalories aux Etats-Unis
L’Amérique du Nord fait encore pire. Les Etats-Unis ont vu l’apport énergétique progresser de 768 kcal par jour et par personne en 40 ans, le Canada de 559 kcal. A l’inverse, le Kazakhstan se distingue avec une forte chute du nombre de calories disponibles (-900 kcal, soit presque un repas), mais l’apport quotidien reste excessif.
« Nous savons que d’autres facteurs ont évolué au cours de ces décennies, comme l’urbanisation, le recours aux voitures, les métiers sédentaires, qui contribuent aussi à l’épidémie mondiale d’obésité, reconnaît Stefanie Vandevijvere, principal auteur de la publication. Cependant, notre étude montre que le surplus de calories disponibles mène probablement à la surconsommation de ces calories, et peut expliquer la prise de poids qu’on observe dans la plupart des pays. »
Changer le système de régulation
Trop d’aliments disponibles seraient donc à l’origine de l’épidémie d’obésité. Mais des stratégies permettraient de limiter cela. Les auteurs suggèrent d'éviter la publicité sur les aliments nocifs pour les plus jeunes. Les informations nutritionnelles gagneraient à être plus précises et les aliments servis en collectivité à être de meilleure qualité.
« Les pays doivent évaluer la façon dont ils dirigent le système alimentaire, estime le Dr Francesco Branca, directeur du département de Nutrition pour la santé et le développement à l’OMS. Cela signifie qu’il faut travailler dans les différents secteurs comme l’agriculture, la production alimentaire, la distribution, l’industrie de transformation, la santé, le bien-être social et l’éducation. » Une meilleure régulation des prix serait la clé, selon les auteurs.