« C’est mon 7e Tour de France, et, de mémoire, je n’ai pas souvenir qu’on ait débuté la compétition avec une telle chaleur. C’est la première fois », a confié à Pourquoidocteur Jacky Maillot, le médecin référent de la Cofidis, l’une des équipes de cyclistes emblématiques de « La Grande Boucle » depuis près de 20 ans.
Il faut dire que ce samedi, au départ de la première étape, les coureurs devront affronter pas moins de 33° à Utrecht (Pays-Bas). Cela avant de rejoindre la Belgique, puis la France, où les attendent des températures tout aussi caniculaires. Alors, comment se préparent les sportifs ? Y-a-t-il des risques pour la santé ? La rédaction a interrogé les experts.
Jusqu’à 10 litres de liquides par jour
Tout d’abord, comme la canicule peut avoir un impact sur l’hydratation, les médecins des équipes vont demander aux cyclistes de boire plus qu’à l'accoutumée. « Aussi bien avant, pendant, mais surtout après la course. Avec des fortes chaleurs comme en ce moment, un athlète doit boire jusqu’à 10 litres de liquides par jour », confie Jacky Maillot.
Concrètement, les athlètes consommeront des boissons à base d’eau enrichie en sels minéraux, ou des boissons énergétiques à base d’hydrates de carbone qui apportent un apport énergétique.
Et pour combler les pertes de calories (environ 800 à 900 cal perdues par heure sur la selle) plus importantes avec la chaleur, les coureurs seront également contraints de bien s’alimenter, lors du dîner notamment. Au menu, petites barres énergétiques pendant l’étape et beaucoup de glucides (pâtes, riz, pommes de terre), lipides et protéines en soirée.
Une température corporelle à surveiller
Des consignes importantes à suivre car si un coureur venait à ne pas les respecter, il prendrait des risques importants pour sa santé. En effet, lorsqu’il fait 37-38° à l’extérieur, le fait de faire des efforts musculaires entraîne une augmentation de la température corporelle centrale. Celle-ci peut monter à 39-40°, une température identique à celle que l'on a quand on est souffrant (syndrome grippal, maladie infectieuse...). Le principal danger est alors le risque d'hyperthermie.
Les maux de la canicule chez les cyclistes
Moins connus, les écueils spécifiques à la canicule. Parmi eux, on trouve le « feu aux pieds » qui provoque des brûlures intenses au niveau de la voûte plantaire, à cause de la chaleur réfléchie par le goudron.
Par ailleurs, les athlètes qui souffrent d'un problème d’asthme ou d’une allergie, seront aussi plus sensibles à l'air sec d'une canicule qui peut être irritant pour les muqueuses des voies respiratoires. Cela se manifeste le plus souvent par des toux ou une hyper activité bronchique. Il s’agit du plus gros souci à gérer pour les médecins du Tour car ces symptômes sont quasi impossibles à prévenir.
Une performance altérée
Enfin, l’adaptation à la chaleur est différente chez chaque athlète. Certains organismes s’adapteront donc très bien, notamment pour ceux qui habitent dans des endroits chauds. Ceux qui viennent de pays où les températures sont basses auront plus de mal à la supporter.
Quoi qu’il en soit, les performances seront sans doute moins élevées que les autres années. Nous serons en effet bien loin de la température idéale pour faire des efforts qui est de l’ordre de 18-20°. « Les coureurs rouleront sûrement moins vite », pense le Dr Jacky Maillot.
Malgré cela, le médecin de la Cofidis n’est pas inquiet quant à la santé des sportifs ; le corps a eu cinq jours pour s’adapter, « c'est l’idéal », selon lui. « Les coureurs sont habitués aux conditions extrêmes. Rassurez-vous, ils ont vu pire », a-t-il conclu.
Pour les aider à surmonter cette chaleur écrasante, l’organisation du Tour peut en plus prévoir des ravitaillements plus fréquents, c’est-à-dire jusqu’à 10 km avant l’arrivée, contre 20 km habituellement. Ces changements se font au jour le jour et l'encadrement les annonce aux équipes juste avant le départ de l'étape.