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Association des Médecins Urgentistes de France

Canicule : plusieurs milliers de morts supplémentaires

Par Suzanne Tellier

La canicule aura pour conséquence une surmortalité inévitable. Les difficultés enregistrées dans certaines régions pourraient alourdir le bilan, selon des médecins urgentistes.

SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA
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La semaine a été chaude dans les centres de SAMU de la France, où le nombre d’appels a explosé. Alors que le pic des températures devrait perdurer jusqu’à ce mercredi, les médecins urgentistes regardent la météo d’un air inquiet.

Le personnel épuisé

« Il ne faudrait pas que la canicule dure davantage, s’alarme le Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des Médecins Urgentistes de France (AMUF). Déjà qu’en période normale, nous sommes sous tension, mais là, nous sommes parfois proches de la rupture… Le personnel est épuisé ! »

La situation est particulièrement difficile dans l’est de la France. En Champagne-Ardennes, en Rhône-Alpes ou encore en Alsace, les centres des SAMU enregistrent des milliers d’appels inquiets – leur nombre a augmenté de 15 à 20 % dans l’ensemble de la France. « Il s’agit souvent de problèmes cardiaques ou respiratoires, précise Christophe Prudhomme. Nous fournissons des conseils pour éviter les hospitalisations ».

Surmortalité évitable

Pour autant, selon ce médecin urgentiste en Seine-Saint Denis, les services d’urgence restent pour le moment en mesure d’absorber cette activité croissante. D’ailleurs, les inquiétudes portent moins sur les urgences elles-mêmes que sur les admissions à l’hôpital, avec la fermeture des lits liée aux départs en vacances. Le ministère de la Santé s’est toutefois montré rassurant et a formulé des instructions afin de libérer des lits, au détriment notamment des opérations programmées dont certaines ont dû être annulées.

« Ce qui inquiète, ce n’est pas tant la surmortalité, inéluctable en cette période, souligne Christophe Prudhomme. C’est plutôt la surmortalité évitable, directement liée à la capacité du système de santé à gérer ces phénomènes. Lorsqu’un patient attend des heures sur un brancard avant d’être admis, ou quand les médecins traitants ne se rendent plus en maison de retraite parce qu’ils sont en congé et n’ont pas trouvé de remplaçant, là, il y a un gros risque de surmortalité. Au final, il faut s’attendre à plusieurs milliers de morts supplémentaires ».

Malgré ces craintes, la situation restera bien en-deçà de l’épisode d’août 2003, qui avait coûté la vie à 15 000 personnes. Depuis, les campagnes de prévention ont produit leurs effets ; grâce aux plans canicule, les mesures concrètes ont permis de réduire drastiquement l’exposition des plus vulnérables à la chaleur écrasante.

Du côté de SOS Médecins, où l’activité générale a augmenté de 5 à 10 %, on se montre donc plutôt optimiste. « Il ne faut pas être trop alarmiste, prévient Pascal Chansard, vice-président de SOS Médecins. Certes, le nombre d’appels a considérablement augmenté, mais ce qu’il faut examiner avec précision, c’est le nombre de pathologies en lien avec la chaleur ». Selon les calculs du centre, ces pathologies ont augmenté de 120 % par rapport aux semaines précédentes. « Mais l’activité reste bien moindre par rapport à l’hiver ». 

Ecoutez...
Pascal Chansard, vice-président de SOS Médecins : « Les adultes peuvent être plus touchés que les personnes fragiles car ils continuent leur activité en pleine canicule. Je me souviens d’une personne qui avait changé son pneu sous le soleil… »