Haute protection, spéciale peau sensible, résistante à l’eau et à la transpiration… En ce début de vacances d’été, les produits solaires se bousculent sur les étagères des magasins. Une offre variée, et parfois difficile à comprendre, qui rend le choix cornélien. Pour vous aider, le Dr Jean-Luc Rigon, dermatologue à Nancy et secrétaire général du syndicat national des dermatologues-vénérologues (SNDV), répond aux questions de Pourquoidocteur.
Que signifient les indices de protection sur les emballages comme FPS 30 ou 50 ?
Dr Jean-Luc Rigon : Les indices sur les produits solaires représentent la durée pendant laquelle vous êtes protégés contre un coup de soleil. Celle-ci est extrêmement variable selon la qualité de la peau. Une personne à la peau très claire peut attraper un coup de soleil en moins d’un quart d'heure contre deux à trois heures pour une personne à la peau foncée ou noire.
Donc, pour éviter de se brûler la peau, il faut appliquer une protection solaire en grande quantité. Pour vous donner une idée, il faut l’équivalent d’au moins 3 cuillères à soupe, soit le creux de la main, pour recouvrir le corps entier d’un adulte. Et ce, toutes les deux heures à cause de la transpiration et des bains de mer ou de piscine, même si elle censée résister à l’eau.
De quoi la crème solaire nous protège-elle ?
Dr Jean-Luc Rigon : Essentiellement contre les UVA, responsables du bronzage, mais les UVB sont plus agressifs. Mais tous deux peuvent induire un cancer de la peau et entraînent le vieillissement de la peau.
Si je pars à Caen ou à Biarritz, dois-je acheter la même crème solaire ?
Dr Jean-Luc Rigon : Oui, il faut la même crème. Mais je vous conseille vivement de télécharger l’application gratuite Soleil risk sur votre smartphone qui vous indiquera le débit des UV où vous vous trouvez. Et vous pourriez être surpris car, parfois, le débit est très important, alors que le soleil est un peu voilé. Par ailleurs, en montagne, à 2 000 mètres d’altitude, le soleil est six fois plus dangereux qu’au niveau de la mer, donc les risques pour la peau sont beaucoup plus importants.
Peut-on utiliser le même produit pour petits et grands ?
Dr Jean-Luc Rigon : C’est vrai que les enfants ont une peau plus fine et plus fragile, mais les crèmes pour adultes conviennent parfaitement aux enfants. Le plus important est de les protéger, en particulier ceux à la peau claire, car c’est durant l’enfance que les grains de beauté se forment. S’ils « attrapent » des coups de soleil, le risque de cancer de la peau, et notamment de mélanome, est très important 10-15 ans après. Par ailleurs, les enfants de moins de 3 ans ne doivent pas du tout être exposés au soleil.
Peut-on utiliser une crème avec indice plus faible lorsque notre peau est bronzée ou une huile ?
Dr Jean-Luc Rigon : C’est une bêtise. Je dirais même que c’est désespérant. Pour nous autres dermatologues, une peau bronzée est une peau blessée. Il y a une pression sociale, qui remonte à plusieurs générations maintenant, qui présente le bronzage comme quelque chose de valorisant. Mais heureusement, de plus en plus de personnes acceptent de ne pas rentrer bronzées de leurs vacances. De même, on voit beaucoup plus souvent qu’avant des enfants protégés par des vêtements anti-UV sur les plages. En outre, tout ce qui est liquide protège nettement moins que ce qui est semi-fluide, autrement dit, une crème protège mieux qu’une lotion.
Existe-t-il une période où les risques sont moins élevés ?
Dr Jean-Luc Rigon : Il ne faut jamais se mettre au soleil dans les moments où les UV sont au maximum. C’est pourquoi je conseille de ne pas s’exposer entre 11 heures et 17 heures. Pour être sûr de s’exposer sans risques, il y a un truc tout simple à faire : il suffit de se mettre debout au soleil, si votre ombre vous dépasse, il y a moins de danger, mais si votre ombre est plus petite que vous, cela signifie que vous vous exposez au pire moment.
Mais on ne le redira jamais assez, les vêtements protègent quand même beaucoup mieux et le bon sens aussi.