Les séries policières vont devoir réactualiser leurs scénarii. Car d’ici quelques années, la panoplie des médecins légistes pourrait bien contenir un nouvel instrument : un test moderne pour établir avec précision l’heure de décès.
10 jours après le décès
Des chercheurs autrichiens de l’Université de Salzbourg ont en effet mis au point ce test nouvelle génération qui permettrait de déterminer l’heure du décès jusqu’à dix jours après la mort d’un humain, alors que les méthodes actuelles ne sont efficaces que 36 heures après l’arrêt de la vie.
Les résultats de ces travaux ont été publiés dans la revue International Journal of Legal Medicine et présentés lors de la Conférence annuelle de Biologie Expérimentale qui s’est tenue à Prague jusqu’au 3 juillet.
« Une fois que le corps s’est refroidi à température ambiante, il existe un énorme manque de méthode fiable pour déterminer l’heure du décès », a expliqué l’auteur, Peter Steinbacher, dont les propos sont rapportés par le site Internet de la BBC. En effet, la température d’un cadavre diminue de 1,5 degré par heure, jusqu’à atteindre celle de son environnement. « Cela peut prendre entre un et deux jours », précise l’auteur. Au-delà, les mesures restent très hasardeuses.
Décomposition des muscles
Or, selon l’équipe de chercheurs, il est possible d’évaluer l’heure du décès à partir d’une autre manifestation organique : la décomposition des protéines et des enzymes musculaires. En effet, nos muscles sont composés de molécules rattachées entre elles. Au moment de la mort, certaines se détachent et se désintègrent en petits morceaux, chacune à un instant spécifique. De même, les composés chimiques issus de la décomposition restent dans l’organisme pendant un certain temps. « Si vous déterminez quels éléments sont présents dans votre échantillon, alors, vous pouvez établir quand l’individu est mort », explique Peter Steinbacher.
Les premières observations de cette étude ont eu lieu sur des cochons, en raison de leur similarité génétique, physiologique et anatomique avec l’humain. Les chercheurs ont également analysé une soixantaine de tissus d’humains morts, provenant du département de médecine légale de l’université.
« Nous avons besoin de plus d’échantillons pour déterminer si le sexe, l’indice de masse corporelle, la température ou encore l’humidité jouent un rôle dans le temps de décomposition des muscles », explique le chercheur, qui espère que ces nouveaux tests pourront servir de preuves tangibles pour les enquêtes judiciaires d’ici trois ans.