L’OMS est à nouveau sous le feu des critiques pour sa gestion de l’épidémie d’Ebola qui s’est déclarée en Afrique de l’Ouest. Cette fois-ci, c’est un rapport d’experts indépendants publié ce mardi, qui tire à boulets rouges sur l’agence onusienne.
Pour les auteurs du rapport, l’OMS « ne dispose pas des moyens ni de la culture organisationnelle nécessaires pour répondre pleinement à une urgence sanitaire ». Ce constat, toujours d’actualité, est à l’origine des failles de l’agence, qui a attendu 1 000 morts pour décréter l’état d’urgence dans les débuts de l’épidémie, alors que les ONG imploraient de l’aide.
Calculs bureaucratiques
Le rapport évoque une organisation « bureaucratique », sorte d’éléphant dont l’immobilisme a puisé sa source dans « l’espoir que la crise aurait pu être gérée grâce à de la bonne diplomatie ». Si les instances ont tant tardé, expliquent les experts, c’est qu’elles ne voulaient pas froisser les gouvernements locaux, qui auraient pu interpréter des signaux d’alarme comme « un acte hostile ». En fait, les préoccupations économiques et politiques ont plus que jamais primé sur l’urgence sanitaire.
Le rapport, disponible sur le site de l’OMS, émet des recommandations en direction de l’agence afin qu’elle soit mieux préparée à une éventuelle crise sanitaire. Il préconise notamment que l'institution revoie son organisation en profondeur et qu’elle se dote d’un fonds d’urgence de 100 millions de dollars, chose que la directrice générale de l’OMS, Magaret Chan, a par ailleurs déjà annoncé. « L'OMS doit rétablir sa prééminence en tant que protecteur de la santé mondiale. Cet objectif exige des changements significatifs », notent encore les experts
L’OMS, consciente de ses fautes
Sur son site Internet, l’Agence « salue le rapport » et « tient à remercier ses membres pour leur travail énergique, leur examen rapide, leur analyse et leurs recommandations ». En effet, l’OMS ne découvre pas vraiment ses propres failles, elle qui a déjà formulé plusieurs mea culpa pour sa gestion de la crise.
Pour autant, certains auraient aimé une condamnation plus ferme. Ainsi, lors de la publication du rapport, Oyewale Tomori, qui siège au comité d’urgence sur Ebola de l’OMS, a expliqué qu’ « un système n’est pas fait de chaises et de tables, mais d’individus ». Il a regretté que le rapport n’évoque pas la question d’éventuelles « sanctions » à l’encontre du personnel de l’institution en raison de ses manquements.