On connaissait les tours operators, voici aujourd’hui la filière du « tourisme médical». L’Assistance publique Hôpitaux de Paris (AP-HP) a signé cet été un accord avec GlobeMed, une société d’assurance libanaise pour accueillir de riches patients venus des pays du Golfe. « Cette initiative permettra au groupe hospitalier de renflouer ses caisses, indique Caroline Piquet dans le journal le Monde et, selon la direction de l’AP-HP, de « consolider sa réputation à l’international ».
Attirés par la médecine française, 2300 patients fortunés bénéficiaient tous les ans des bas tarifs de la sécurité sociale lors d’une hospitalisation dans l’un des 37 établissements de l’AP-HP. Plus question donc de low-cost pour ces prestations de qualité, cette clientèle paiera les soins au prix réel. Le plus grand centre hospitalier d’Europe espère ainsi résorber une partie de son déficit, estimé à 70 millions d’euros, précise le quotidien, et compte bien réduire le montant des factures impayées par des étrangers indélicats.
Ils n’auront pas de traitement de faveur, assure la direction, et ne seront acceptés uniquement si les services concernés peuvent les accueillir. L’AP-HP reconnaît néanmoins « qu'il y aura une prise en charge du transport du point d'arrivée jusqu'à l'hôpital et un service de traduction pour ces patients ». Au total, cette filière du Moyen-Orient ne devrait représenter que 1% des malades hospitalisés, soit 10 000 personnes par au maximum.
Si la direction se veut si rassurante, c’est que les syndicats sont septiques. Certains parlent déjà de « filière VIP ». Interrogé par le quotidien, le Dr Christian Prudhomme, médecin urgentiste au SAMU de Seine-Saint-Denis résume : « dans certains services, ce sera du 20-30% ». Pour ce responsable du collectif des médecins CGT, « on ne peut pas laisser des patients attendre sur des brancards d’un côté et, de l’autre, accueillir des patients du Golfe qui seront confortablement installés dans des chambres individuelles ».
Le premier patient est attendu avant la fin de l’année et le « bras de fer entre syndicats et direction devrait s’engager rapidement », observe Caroline Piquet. D’autant que d’autres hôpitaux, comme Marseille, se sont lancés dans de initiatives comparables et que cette expérience devrait s’étendre à la Russie, à l’Asie et aux républiques d’Europe de l’Est. Si elle s’avère concluante !