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Rapport d'activité de l'ANSM

Médicaments : 10 fois plus de ruptures de stock en 6 ans

Par Julian Prial

Selon un rapport de l'Agence de Sécurité du Médicament (ANSM), le nombre des ruptures d’approvisionnement des médicaments a été multiplié par dix en six ans. 

DUCLOS ALEXIS/SIPA

En 2013, la pénurie du 6e médicament le plus vendu en France avait provoqué la panique. Il s'agissait du Lévothyrox, prescrit aux malades dont la glande thyroïde est défaillante ou absente après une ablation chirurgicale suite à un cancer.
« Les ruptures de stock des médicaments sont un problème qui? malheureusement? va aller croissant », avait alerté Isabelle Adenot, présidente de l'Ordre des pharmaciens. Elle avait aussi renseigné les médias sur les chiffres sous-estimés des ruptures d'approvisionnement de médicaments.
« Sur le mois de septembre, nous avons comptabilisé 539 médicaments manquants ».
Des chiffres en effet bien loin des 45 médicaments en difficulté d’approvisionnement (sur la même période) avancés par l’Agence de Sécurité du Médicament (ANSM) qui ne répertorie que celles liées à une rupture de stock de médicaments indispensables (1). Cependant, celles-ci connaissent aussi une augmentation inquiétante, selon le dernier bilan d'activité 2014 de l'Agence. 

 

438 ruptures de stock en 2014

L’ANSM a géré 438 ruptures de stock avec recherche d’alternatives thérapeutiques pour les produits indispensables. Ce chiffre a augmenté considérablement et de manière continue depuis 2008 (voir graphique ci-dessous). Le nombre de déclarations a ainsi été multiplié par 10 en six ans. Pour l'expliquer, l’Agence indique qu'elle gère « un nombre croissant de signalements de ruptures de stock en raison notamment des nouvelles stratégies industrielles de rationalisation des coûts de production qui conduisent les laboratoires à produire en flux tendu. »

Et ces ruptures entraînent parfois des situations très problèmatiques pour les patients. Comme faits marquants en 2014, l'ANSM note par exemple des tensions d’approvisionnement en praziquantel « dans un contexte de cas de bilharziose en Corse du Sud (juin-août 2014) ».
Ou encore, la rupture de stock de la Doxycycline (en janvier 2014), un antibiotique prescrit dans de nombreuses indications, dont le traitement des infections à germes sensibles à la doxycycline dans leurs manifestations respiratoires, génitales, urinaires, oculaires ou générales.

 

 

De leur côté, les pharmaciens ont toujours avancé qu'ils avaient un dispositif capable de recueillir des résultats plus proches de la réalité. Il s'agit d'un système d'alerte permettant aux officines de remonter au laboratoire, ainsi qu'à l'ANSM, les informations en instantané en cas de rupture dans leurs commandes. Ce logiciel informatique, le "DP-rupture", a été élaboré en partenariat avec toutes les autorités sanitaires et le ministère de la Santé.

(1) Les ruptures et risques de ruptures de stock gérés à l’ANSM concernent les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), c’est-à-dire les médicaments dont l’indisponibilité transitoire, totale ou partielle, est susceptible d’entraîner un problème de santé publique (mise en jeu du pronostic vital, perte de chances importante pour les patients).