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QUESTION D'ACTU

Troubles de la déglutition

Vincent Lambert : un examen ORL qui conforte la position de ses médecins

Les médecins du CHU de Reims ont convoqué la famille de Vincent Lambert pour lui proposer un protocole de fin de vie. Afin de convaincre les parents de son bien-fondé, ils dévoileront un récent bilan ORL montrant que l'état de leur fils ne s'améliore pas.  

Vincent Lambert : un examen ORL qui conforte la position de ses médecins JDD/SIPA




« Suite à l’arrêt rendu par la CEDH (1), le 5 juin 2015, j’ai choisi d’engager une nouvelle procédure en vue d’une décision d’arrêt des traitements ». C’est un extrait du courrier reçu la semaine dernière par les membres de la famille de Vincent Lambert, qui se déchirent sur le sort de ce patient en état végétatif depuis sept ans.

Un Conseil de famille est donc organisé ce mercredi au CHU de Reims. Seront d’abord reçus les parents de Vincent Lambert, puis sa femme. Les premiers sont pour le maintien des traitements, la deuxième défend l'arrêt des soins. Au cours de ces rencontres avec les médecins, trois questions seront évoquées.

 

Des troubles de la déglutition fréquents 

D’abord, le point de vue éthique de cette situation. Maintenir en vie Vincent Lambert revient-il à s'engager dans une obstination déraisonnable selon les termes de la Loi Leonetti sur la fin de vie ?

Autre interrogation, si la décision finale revient au médecin du patient, après concertation avec l'équipe médicale, le point de vue de la famille a aussi son importance. C'est d'ailleurs toute la difficulté de ce dossier, car Vincent Lambert n'avait pas notifié par écrit ses directives anticipées. Il avait seulement, selon sa femme, indiqué que dans de telles circonstances, il souhaiterait mourir dans la dignité. Enfin, au cœur des débats, tous s’attarderont sur l'état de santé actuel du patient, avec comme nouvelle pièce au dossier un récent examen médical.

Il y a quelques jours, une source proche du dossier révélait en effet à Pourquoidocteur que le tableau clinique de Vincent Lambert s’est aggravé. L'équipe médicale conduite par le Dr Daniela Simon va présenter lors de cette réunion collégiale un nouveau bilan ORL (réalisé par laryngoscopie indirecte) qui confirme que Vincent Lambert a de plus en plus de mal à déglutir. Les fausses routes provoquées par ces troubles de la déglutition seraient devenues fréquentes. Or ce problème est loin d'être anodin, selon le Dr Yves Rébufat, président du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs (SNPHAR).

 

Le risque d'une pneumopathie d'inhalation

« C’est quelque chose d’assez fréquent chez les malades qui sont soit traumatisés crâniens, soit cérébro-lésés. Ils ont souvent des troubles de la mobilité du carrefour laryngé. En fait, ces gens n’arrivent plus à déglutir leur salive. Celle-ci coule directement dans la trachée au lieu d’aller dans l’œsophage », décrit ce médecin.

« A répétition, ces fausses routes augmentent le risque de faire une pneumopathie d’inhalation. La salive tombe alors directement dans les bronches et les poumons. Cela favorise la prolifération bactérienne qui peut provoquer une infection pulmonaire. Cette aggravation du tableau respiratoire entraîne parfois la mort du sujet », rajoute-t-il.

 

La preuve d'une atteinte neurologique sévère

Afin d'éviter cette situation, ces patients sont pour la plupart trachéotomisés à vie. « Il s’agit d’une ouverture pratiquée de manière chirurgicale dans la trachée haute sous le larynx. Elle permet d'assurer une perméabilité permanente des voies aériennes », précise le Dr Rébufat. 

Cette technique de sécurisation des voies aériennes supérieures ne serait pas proposée à Vincent Lambert. Comme tout patient végétatif qui n'a pas de lésion du tronc cérébral, ses fonctions ventilatoire et cardiaque sont en effet « spontanées ».
Pour conclure, le Dr Rébufat avance néanmoins que « des fausses routes régulières témoignent d’une atteinte neurologique sévère ». 

Une suspicion validée par la dernière expertise médicale menée sur Vincent Lambert par trois des meilleurs neurologue français (les Pr Marie-Germaine Bousser, Jacques Luauté et Lionel Naccache). Dans leurs conclusions, ces experts avaient rapporté une dégradation de l’état de conscience du patient. Ils avaient aussi confirmé l'irréversibilité de ses lésions cérébrales.

(1) Cour Européenne des Droits de l’Homme

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