C’est désormais officiel, la pollution de l’air a un coût. Si on connaissait déjà les statistiques tirées de différentes études affirmant que les particules fines tuent plus que le sida et le paludisme à travers le monde, un tout nouveau rapport, présenté par une commission sénatoriale présidée par Jean-François Husson (Les Républicains) et intitulé « Pollution de l’air : le coût de l’inaction », chiffre de manière très précise les dépenses engendrées par la pollution atmosphérique. Selon les différentes estimations du rapport, de manière globale, ce phénomène coûterait 100 milliards d’euros annuels à la France.
Si on analyse ce chiffre dans le détail, on peut s’apercevoir que le coût sanitaire total lié à la pollution de l’air intérieur (produit sur le territoire national) représente un coût de 19 milliards d’euros par an. A lui seul, le coût sanitaire lié à l'exposition prolongée à la pollution est équivalent à 4,3 milliards d’euros, un chiffre qui inclut les dépenses induites par les maladies, à l’absentéisme au travail qui en découle, ou à une baisse des rendements agricoles.
Des conséquences sur le système de santé
A minima, l’impact sur le système de santé français est du coup évalué à 3 milliards d’euros. Pointés du doigt, les différentes pathologies liées à l’asthme, provoqué par une trop grande concentration de particules fines présentes dans l’air respiré, ainsi que certains cancers, et bien entendu, le coût des hospitalisations engendrées par ces maladies. Selon la rapporteuse Leïla Aïchi (EELV) dont les propos ont été recueillis par l’AFP, le coût global sanitaire est « largement sous-estimé. Les effets sanitaires de certains polluants sont ainsi mal connus, notamment "l'effet cocktail" de la présence de plusieurs polluants. » Cet effet cocktail est une interrogation majeure, en particulier dans le domaine de l’agriculture, puisque certains mélanges d’insecticides et de pesticides seraient particulièrement dangereux pour notre organisme.
Il est clair que la pollution affecte notre santé de manière notable. Si, comme l’explique le chirurgien pédiatre Patrice Halimi au quotidien Le Parisien, « l’asthme a augmenté de 100 % chez les enfants en vingt ans », ces maladies se ressentent également chez les adultes. En effet, la pollution atmosphérique d’origine automobile qui touche les enfants dans leur première année de vie serait à l’origine de plusieurs problèmes respiratoires au cours de l’adolescence. De plus, cette pollution réduit nos défenses immunitaires et exposent les personnes concernées à des graves crises d’allergies.
Vers une taxe azote et particules fines ?
Pour lutter contre cela, le rapport présente une liste de 61 mesures censées endiguer la pollution atmosphérique. S’il s’agit de compléter certaines normes déjà existantes, est aussi présentée une vraie résolution, celle de mettre au point une fiscalité écologique, proposant, entre autres, la mise en place d’une taxe sur les émissions d’azote et de particules fines.